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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

PAR CŒUR au PALAIS ROYAL: en attendant la Saint Valentin (mardi 14 à 18h, au même endroit)

Publié le 11 Février 2023 par proust pour tous

Au Palais Royal, hier vers 18h, on a changé l'orientation des chaises.

 

On me demande toujours: "Alors, combien étiez-vous hier soir au PAR COEUR au PALAIS ROYAL ?", et bien que j'aie l'air de n'y attacher aucune importance, je suis rudement contente d'annoncer un chiffre qui impressionne (moi en particulier), hier 17. C'est surtout pour les nouveaux, pour qu'ils ne pensent pas être tombés sur une fête de patronage. 

A côté des classiques, des valeurs sûres comme Rimbaud récité par Ruth Brahmy, on a toujours la surprise créée par le sang neuf, ou par les fidèles qui élargissent leur répertoire; 

Vous pouvez remarquer sur la photo de groupe l'absence de couvertures mises à disposition des pieds glacés par le bureau d'accueil. Un signe des temps....

 

Leyla Guz ouvre le bal avec un poème de Robert Desnos

 

Aujourd’hui est un autre jour

 

Je me lèverai demain matin
Plus tôt qu’aujourd’hui
Le soleil demain matin
sera plus chaud qu’aujourd’hui
Je serai plus fort demain matin
Plus fort qu’aujourd’hui
Je serai gai demain matin
Plus gai qu’aujourd’hui
J’aurai demain matin
Plus d’amis qu’aujourd’hui
Et bien que demain matin
La mort soit plus proche qu’aujourd’hui
Je serai demain matin
Plus vivant plus vivant qu’aujourd’hui

Robert DESNOS

Françoise Schwab récite COLETTE

C'est Aymeric qui aurait été content: du Colette par coeur, l'année des fêtes de son 150 ème anniversaire. D'ailleurs à chaque rendez-vous nous pensons avoir au moins un texte de Colette ou de Cocteau (mort il y a 50 ans), tous deux habitants du Palais Royal.

 

Etienne Lemarié récite Aragon

De Louis Aragon: Tu n'en reviendras pas

Tu n'en reviendras pas toi qui courais les filles Jeune homme dont j'ai vu battre le cœur à nu Quand j'ai déchiré ta chemise et toi non plus Tu n'en reviendras pas vieux joueur de manille
Qu'un obus a coupé par le travers en deux Pour une fois qu'il avait un jeu du tonnerre Et toi le tatoué l'ancien Légionnaire Tu survivras longtemps sans visage, sans yeux
On part Dieu sait pour où ça tient du mauvais rêve On glissera le long de la ligne de feu Quelque part ça commence à n'être plus du jeu Les bonshommes là-bas attendent la relève
Roule au loin roule le train des dernières lueurs Les soldats assoupis que ta danse secoue Laissent pencher leur front et fléchissent le cou Cela sent le tabac la laine et la sueur
Comment vous regarder sans voir vos destinées Fiancés de la terre et promis des douleurs La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs Vous bougez vaguement vos jambes condamnées
Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit Déjà vous n'êtes plus qu'un nom d'or sur nos places Déjà le souvenir de vos amours s'efface Déjà vous n'êtes plus que pour avoir péri
François récite Victor Hugo

 

Ruth Brahmy récite Rimbaud
Ma Bohème
Arthur Rimbaud

Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
– Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
– Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !

Arthur Rimbaud, Cahier de Douai (1870)

 

 

« Mauvais sang », Une saison en enfer, Arthur Rimbaud, 1873 (début)

 

J'ai de mes ancêtres gaulois l'œil bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte. Je trouve mon habillement aussi barbare que le leur. Mais je ne beurre pas ma chevelure. Les Gaulois étaient les écorcheurs de bêtes, les brûleurs d'herbes les plus ineptes de leur temps. D'eux, j'ai : l'idolâtrie et l'amour du sacrilège ; - Oh ! Tous les vices, colère, luxure, - magnifique, la luxure ; - surtout mensonge et paresse. J'ai horreur de tous les métiers. Maîtres et ouvriers, tous paysans, ignobles. La main à plume vaut la main à charrue. - Quel siècle à mains ! - Je n'aurai jamais ma main. Après, la domesticité mène trop loin. L'honnêteté de la mendicité me navre. Les criminels dégoûtent comme des châtrés : moi, je suis intact, et ça m'est égal. Mais ! Qui a fait ma langue perfide tellement qu'elle ait guidé et sauvegardé jusqu'ici ma paresse ? Sans me servir pour vivre même de mon corps, et plus oisif que le crapaud, j'ai vécu partout. Pas une famille d'Europe que je ne connaisse. - J'entends des familles comme la mienne, qui tiennent tout de la déclaration des Droits de l'Homme. - J'ai connu chaque fils de famille !

 

Marianne Brody-Baudin récite Alain Souchon

 

 

Gilles de Rosny récite Verlaine
Chanson d’automne
Paul Verlaine

Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon coeur
D’une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine, Poèmes saturniens

 

 

Martine de Rosny récite Racine

Andromaquehttps://www.facebook.com/groups/123118837781351/?multi_permalinks=5914960161930494&notif_id=1673327215695285&notif_t=feedback_reaction_generic&ref=notif

Hélas ! je m’en souviens, le jour que son courage
Lui fit chercher Achille, ou plutôt le trépas,
Il demanda son fils, et le prit dans ses bras : 1020
Chère épouse, dit-il en essuyant mes larmes,
J’ignore quel succès le sort garde à mes armes ;
Je te laisse mon fils pour gage de ma foi :
S’il me perd, je prétends qu’il me retrouve en toi.
Si d’un heureux hymen la mémoire t’est chère, 1025
Montre au fils à quel point tu chérissais le père.

MARDI PROCHAIN à 18H, pour la Saint-Valentin, venez réciter des textes d'amour 

DEUX PIGEONS S'AIMAIENT D'AMOUR TENDRE ....
 

Et pourquoi pas un texte à 2 voix ?

 

 

"Qu'il fasse beau, qu'il fasse laid, c'est mon habitude d'aller sur les SIX heures du soir me promener au Palais-Royal."

 

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