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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

PAR COEUR au PALAIS-ROYAL: une chouette soirée, en mode musique de chambre, et une annonce proustienne

Publié le 13 Avril 2024 par proust pour tous

Etienne récite Rimbaud

Il a récité 

Au Cabaret Vert, cinq heures du soir
Arthur Rimbaud

Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.
– Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. – Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

– Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure ! –
Rieuse, m’apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse
D’ail, – et m’emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.

Arthur Rimbaud, Cahier de Douai

 

 

Diane récite Un petit poisson un petit oiseau, pour célébrer le printemps
Un petit poisson, un petit oiseau S'aimaient d'amour tendre Mais comment s'y prendre Quand on est dans l'eau
Un petit poisson, un petit oiseau S'aimaient d'amour tendre Mais comment s'y prendre Quand on est là-haut
Quand on est là-haut Perdu aux creux des nuages On regarde en bas pour voir Son amour qui nage
Et l'on voudrait bien changer Ses ailes en nageoires Les arbres en plongeoir Le ciel en baignoire
Un petit poisson, un petit oiseau S'aimaient d'amour tendre Mais comment s'y prendre Quand on est là-haut
Un petit poisson, un petit oiseau S'aimaient d'amour tendre Mais comment s'y prendre Quand on est dans l'eau
Quand on est dans l'eau On veut que vienne l'orage Qui apporterait du ciel Bien plus qu'un message Qui pourrait d'un coup
Changer au cours du voyage Des plumes en écailles Des ailes en chandail Des algues en paille
Un petit poisson, un petit oiseau S'aimaient d'amour tendre Mais comment s'y prendre Quand on est dans l'eau
Un petit poisson, un petit oiseau S'aimaient d'amour tendre Mais comment s'y prendre Quand on est là-haut
 
(paroles d'une chanson pour Juliette Gréco, par Jean-Max Rivière)
 
 
Dominique récite Diderot

 

Et pourquoi "musique de chambre", parce que Dominique nous a récité encore une fois (on ne s'en lasse pas) le  début de:

REGRETS
SUR
MA VIEILLE ROBE DE CHAMBRE
OU
AVIS À CEUX QUI ONT PLUS DE GOÛT
QUE DE FORTUNE.

Pourquoi ne l’avoir pas gardée ? Elle était faite à moi ; j’étais fait à elle. Elle moulait tous les plis de mon corps sans le gêner ; j’étais pittoresque et beau. L’autre, raide, empesée, me mannequine. Il n’y avait aucun besoin auquel sa complaisance ne se prêtât ; car l’indigence est presque toujours officieuse. Un livre était-il couvert de poussière, un de ses pans s’offrait à l’essuyer. L’encre épaissie refusait-elle de couler de ma plume, elle présentait le flanc. On y voyait tracés en longues raies noires les fréquents services qu’elle m’avait rendus. Ces longues raies annonçaient le littérateur, l’écrivain, l’homme qui travaille. À présent, j’ai l’air d’un riche fainéant ; on ne sait qui je suis.

Sous son abri, je ne redoutais ni la maladresse d’un valet, ni la mienne, ni les éclats du feu, ni la chute de l’eau. J’étais le maître absolu de ma vieille robe de chambre ; je suis devenu l’esclave de la nouvelle.

Le dragon qui surveillait la toison d’or ne fut pas plus inquiet que moi. Le souci m’enveloppe.

Le vieillard passionné qui s’est livré, pieds et poings liés, aux caprices, à la merci d’une jeune folle[2], dit depuis le matin jusqu’au soir : Où est ma bonne, ma vieille gouvernante ? Quel démon m’obsédait le jour que je la chassai pour celle-ci ! Puis il pleure, il soupire.

Je ne pleure pas, je ne soupire pas ; mais à chaque instant je dis : Maudit soit celui qui inventa l’art de donner du prix à l’étoffe commune en la teignant en écarlate ! Maudit soit le précieux vêtement que je révère ! Où est mon ancien, mon humble, mon commode lambeau de calemande ?

Mes amis, gardez vos vieux amis. Mes amis, craignez l’atteinte de la richesse. Que mon exemple vous instruise. La pauvreté a ses franchises ; l’opulence a sa gêne.

 

Notez la date: le prochain "Dînez avec Proust" aura lieu le mardi 30 avril, au Petit Flore, 6 rue Croix-des-Petits-Champs, à 18h30

 

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