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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

Il se passe toujours quelque chose au PAR CŒUR au PALAIS ROYAL: un petit enfant nous applaudit

Publié le 15 Juin 2023 par proust pour tous

l'évènement est véridique, la photo est créée par l'IA

 

Vendredi malgré la chaleur, une soirée très riche en nouveaux participants, nous étions une vingtaine à réciter avec ou sans anti-sèche, et la variété des textes nous a enchantés. Plusieurs fidèles manquaient, ils étaient au Swann, pour célébrer Proust et les polytechniciens, un groupe bien représenté parmi les proustiens (Antoine Compagnon, Jérôme Bastianelli, Jean-Christophe Antoine, et notre "érudit espiègle"  Jean-Jacques Salomon, éditeur de Bernard Soupre, et moi-même) 

Quelques photos (des vraies celle-là):

La vidéo d'une jeune femme, qui travaille à la Banque de France, voisine du Palais-Royal. Prise au débotté, elle n'a pas eu le temps d'apprendre par coeur, pour sa 1ère intervention:

Une autre nouvelle récitante, Dominique, avec un texte de Robert Desnos:

Dominique récite du Robert Desnos

 

encore une belle brochette de récitants pour une météo à barbecue

 

Un autre nouveau, David, critique de théâtre et littéraire, qui tient un blog que je recommande vivement: "Les chroniques d'Alceste"

David récite "le mot" de Victor Hugo, puis "Les deux amis" de La Fontaine

LES DEUX AMIS

Deux vrais amis vivaient au Monomotapa : 
L'un ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre :
            Les amis de ce pays-là
            Valent bien, dit-on, ceux du nôtre.
Une nuit que chacun s'occupait  au sommeil,
Et mettait à profit l'absence du soleil,
Un de nos deux Amis sort du lit en alarme ; 
Il court chez son intime, éveille les Valets :
Morphée avait touché le seuil de ce palais.
L'ami couché s'étonne, il prend sa bourse, il s'arme ;
Vient trouver l'autre, et dit : Il vous arrive peu
De courir quand on dort ; vous me paraissez homme
A mieux user du temps destiné pour le somme :
N'auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu ?
En voici. S'il vous est venu quelque querelle,
J'ai mon épée, allons. Vous ennuyez-vous point
De coucher toujours seul ? Une esclave assez belle
Était à mes côtés ; voulez-vous qu'on l'appelle ?
Non, dit l'ami, ce n'est ni l'un ni l'autre point :
            Je vous rends grâce de ce zèle.
Vous m'êtes en dormant un peu triste apparu ;
J'ai craint qu'il ne fût vrai, je suis vite accouru.
            Ce maudit songe en est la cause.
Qui d'eux aimait le mieux ? Que t'en semble, lecteur ?
Cette difficulté vaut bien qu'on la propose.
Qu'un ami véritable est une douce chose!
Il cherche vos besoins au fond de votre coeur ;
            Il vous épargne la pudeur 
            De les lui découvrir vous-même.
            Un songe, un rien, tout lui fait peur
            Quand il s'agit de ce qu'il aime.

Une jeune fille, Capucine, récite un extrait de ANTIGONE, de Jean Anouilh

Capucine et ANTIGONE d'Anouilh

 

Bibi:  "Le chameau et les bâtons flottants"

Parmi les fidèles, Jacques a continué sa saga "Watt" de Samuel Beckett.

Marianne "la confiture"

Gilles a redit "Jean qui pleure et Jean qui rit"

Martine "L'âme des poètes" tout le monde chantait le refrain et Martine disait la suite. Une réussite.

Et Duy-Thong, notre plus baroque des récitants, qui m'a envoyé ce mail:

ce treizain de Mellin de Saint-Gelais (1491 (?) - 1558) qui était le poète chéri de François Premier puis d'Henri II, au grand dam de Ronsard.

Treizain

Par l'ample mer, loin des ports et arènes
S'en vont nageant les lascives sirènes
En déployant leurs chevelures blondes,
Et de leurs voix plaisantes et sereines,
Les plus hauts mâts et plus basses carènes
Font arrêter aux plus mobiles ondes,
Et souvent perdre en tempêtes profondes ;
Ainsi la vie, à nous si délectable,
Comme sirène affectée et muable,
En ses douceurs nous enveloppe et plonge,
Tant que la Mort rompe aviron et câble,
Et puis de nous ne reste qu'une fable,

Un moins que vent, ombre, fumée et songe.
 
Pour El Desdichado de Nerval et la dernière tirade de Phèdre je suppose que tu n'as pas besoin des textes?
El Desdichado
Gérard de Nerval

Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J’ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène…

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

Gérard de Nerval

 

 

LA DERNIÈRE TIRADE DE PHÈDRE ACTE V, scène 7 Thésée, Thésée, Phèdre, Théramène, Panope, gardes

 

PHÈDRE Les moments me sont chers ; écoutez-moi, Thésée

C’est moi qui sur ce fils, chaste et respectueux,

Osai jeter un œil profane, incestueux.

Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste :

La détestable Œnone a conduit tout le reste.

Elle a craint qu’Hippolyte, instruit de ma fureur,

Ne découvrît un feu qui lui faisait horreur :

La perfide, abusant de ma faiblesse extrême,

S’est hâtée à vos yeux de l’accuser lui-même.

Elle s’en est punie, et fuyant mon courroux,

A cherché dans les flots un supplice trop doux.

Le fer aurait déjà tranché ma destinée ;

Mais je laissais gémir la vertu soupçonnée :

J’ai voulu, devant vous exposant mes remords,

Par un chemin plus lent descendre chez les morts.

J’ai pris, j’ai fait couler dans mes brûlantes veines

Un poison que Médée apporta dans Athènes.

Déjà jusqu’à mon cœur le venin parvenu

Dans ce cœur expirant jette un froid inconnu ;

Déjà je ne vois plus qu’à travers un nuage

Et le ciel et l’époux que ma présence outrage ;

Et la mort à mes yeux dérobant la clarté,

Rend au jour qu’ils souillaient toute sa pureté.

Jean racine, Phèdre, 1677

 

Sans oublier une autre nouvelle fidèle qui a récité du Verlaine 

 

LES FÊTES GALANTES par PAUL VERLAINE

 

 

                  Colloque sentimental.
 
 

Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l’heure passé.

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux spectres ont évoqué le passé.

– Te souvient-il de notre extase ancienne ?
– Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?

– Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? – Non.

– Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! – C’est possible.

– Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir !
– L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.

 

Et tous en choeur: 

 

Comme aurait dit Diderot en commençant Le neveu de Rameau

"Qu'il fasse beau, qu'il fasse laid, c'est mon habitude d'aller sur les SIX heures du soir me promener au Palais-Royal.

Prochains rendez-vous 

 mardi 11 juillet, et vendredi 14 juillet à 18 h

 

 

 

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