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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

Arrogance à la française: French and arrogant

Publié le 15 Janvier 2013 par laurence grenier

Comment exprimer l'arrogance? l'arme absolue, que l'on utilise quand on veut vraiment faire du mal, ou qu'on est tout à fait inconscient mais français (l'arrogance est un sport national mais où l'on sait que tôt ou tard l'arroseur sera l'arrosé, ce qui donne du piquant au jeu): ignorer celui que l'on dédaigne, faire comme s'il n'existait pas. J'en ai été moi-même victime, et alors que je pensais ne pas avoir d'ego, ou avoir un ego au-dessus de toute atteinte, je me suis découvert une susceptibilité blessée par un vague copain de bistrot qui lors d'une discussion qui prit une tounure qui lui déplut, arrêta net et parla d'autre chose. J'étais mortifiée et depuis maintenant près de 2 ans, je ne peux m'empêcher de détourner la tête quand je rencontre l'arrogant. Alors que j'imagine qu'il n'en a pas la moindre idée.

 

Des deux côtés, sur les marches les plus hautes, étaient répandus des couples qui attendaient que leur voiture fût avancée. Droite, isolée, ayant à ses côtés son mari et moi, la duchesse se tenait à gauche de l’escalier, déjà enveloppée dans son manteau à la Tiepolo, le col enserré dans le fermoir de rubis, dévorée des yeux par des femmes, des hommes, qui cherchaient à surprendre le secret de son élégance et de sa beauté. Attendant sa voiture sur le même degré de l’escalier que Mme de Guermantes, mais à l’extrémité opposée, Mme de Gallardon, qui avait perdu depuis longtemps tout espoir d’avoir jamais la visite de sa cousine, tournait le dos pour ne pas avoir l’air de la voir, et surtout pour ne pas offrir la preuve que celle-ci ne la saluait pas. Mme de Gallardon était de fort méchante humeur parce que des messieurs qui étaient avec elle avaient cru devoir lui parler d’Oriane: «Je ne tiens pas du tout à la voir, leur avait-elle répondu, je l’ai, du reste, aperçue tout à l’heure, elle commence à vieillir; il paraît qu’elle ne peut pas s’y faire. Basin lui-même le dit. Et dame! je comprends ça, parce que, comme elle n’est pas intelligente, qu’elle est méchante comme une teigne et qu’elle a mauvaise façon, elle sent bien que, quand elle ne sera plus belle, il ne lui restera rien du tout.» ......

On annonça que la voiture était avancée. Mme de Guermantes prit sa jupe rouge comme pour descendre et monter en voiture, mais, saisie peut-être d’un remords, ou du désir de faire plaisir et surtout de profiter de la brièveté que l’empêchement matériel de le prolonger imposait à un acte aussi ennuyeux, elle regarda Mme de Gallardon; puis, comme si elle venait seulement de l’apercevoir, prise d’une inspiration, elle retraversa, avant de descendre, toute la longueur du degré et, arrivée à sa cousine ravie, lui tendit la main. «Comme il y a longtemps», lui dit la duchesse qui, pour ne pas avoir à développer tout ce qu’était censé contenir de regrets et de légitimes excuses cette formule, se tourna d’un air effrayé vers le duc, lequel, en effet, descendu avec moi vers la voiture, tempêtait en voyant que sa femme était partie vers Mme de Gallardon et interrompait la circulation des autres voitures. «Oriane est tout de même encore bien belle! dit Mme de Gallardon. Les gens m’amusent quand ils disent que nous sommes en froid; nous pouvons, pour des raisons où nous n’avons pas besoin de mettre les autres, rester des années sans nous voir, nous avons trop de souvenirs communs pour pouvoir jamais être séparées, et, au fond, elle sait bien qu’elle m’aime plus que tant des gens qu’elle voit tous les jours et qui ne sont pas de son rang.» Mme de Gallardon était en effet comme ces amoureux dédaignés qui veulent à toute force faire croire qu’ils sont plus aimés que ceux que choie leur belle. Et (par les éloges que, sans souci de la contradiction avec ce qu’elle avait dit peu avant, elle prodigua en parlant de la duchesse de Guermantes) elle prouva indirectement que celle-ci possédait à fond les maximes qui doivent guider dans sa carrière une grande élégante laquelle, dans le moment même où sa plus merveilleuse toilette excite, à côté de l’admiration, l’envie, doit savoir traverser tout un escalier pour la désarmer.

Sodome et Gomorrhe, II, I

 

How to show that you are arrogant? if you want to use a nuclear weapon, just ignore the very existence of the ones you disdain (in France it happens often, not always maliciously, but as a second nature implying that sometimes it 's biter bitten, part of the game). I experienced that very unpleasant feeling when a lively conversation I was conducting with a buddy was suddenly dropped without warning, because apparently he did not like my hotted arguments. It was two years ago and I still go out of my way not to meet him in the street of my little town. I was unexpectedly hurt, when I think he had no idea on the impact of his gaffe. 

 

On either side of us, on the topmost steps, were scattered couples who were waiting for their carriages to come to the door. Erect, isolated, flanked by her husband and myself, the Duchess kept to the left of the staircase, already wrapped in her Tiepolo cloak, her throat clasped in its band of rubies, devoured by the eyes of women and men alike, who sought to divine the secret of her beauty and distinction. Waiting for her carriage upon the same step of the stair as Mme. de Guermantes, but at the opposite side of it, Mme. de Gallardon, who had long abandoned all hope of ever receiving a visit from her cousin, turned her back so as not to appear to have seen her, and, what was more important, so as not to furnish a proof of the fact that the other did not greet her. Mme. de Gallardon was in an extremely bad temper because some gentlemen in her company had taken it upon themselves to speak to her of Oriane: “I have not the slightest desire to see her,” she had replied to them, “I did see her, as a matter of fact, just now, she is beginning to shew her age; it seems she can’t get over it. Basin says so himself. And, good lord, I can understand that, for, as she has no brains, is as mischievous as a weevil, and has shocking manners, she must know very well that, once her looks go, she will have nothing left to fall back upon.”....

We were told that the carriage was at the door. Mme. de Guermantes gathered up her red skirt as though to go downstairs and get into the carriage, but, seized perhaps by remorse, or by the desire to give pleasure, and above all to profit by the brevity which the material obstacle to prolonging it imposed upon so boring an action, looked at Mme. de Gallardon; then, as though she had only just caught sight of her, acting upon a sudden inspiration, before going down tripped across the whole width of the step and, upon reaching her delighted cousin, held out her hand. “Such a long time,” said the Duchess who then, so as not to have to develop all the regrets and legitimate excuses that this formula might be supposed to contain, turned with a look of alarm towards the Duke, who as a matter of fact, having gone down with me to the carriage, was storming with rage when he saw that his wife had gone over to Mme. de Gallardon and was holding up the stream of carriages behind. “Oriane is still very good looking, after all!” said Mme. de Gallardon. “People amuse me when they say that we have quarrelled; we may (for reasons which we have no need to tell other people) go for years without seeing one another, we have too many memories in common ever to be separated, and in her heart she must know that she cares far more for me than for all sorts of people whom she sees every day and who are not of her rank.” Mme. de Gallardon was in fact like those scorned lovers who try desperately to make people believe that they are better loved than those, whom their fair one cherishes. And (by the praises which, without heeding their contradiction of what she had been saying a moment earlier, she now lavished in speaking of the Duchesse de Guermantes) she proved indirectly that the other was thoroughly conversant with the maxims that ought to guide in her career a great lady of fashion who, at the selfsame moment when her most marvellous gown is exciting an admiration not unmixed with envy, must be able to cross the whole width of a staircase to disarm it.

Cities of the Plain II, I

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B
The arrogance associated with French sounds interesting. I do not understand why it is said so and I assume you came into such an assumption based on your experience. You will not find such an instance in any other language that you met with.
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