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Les textes illustrant le Christmas pudding d'Odette seront égayés de participations vocales du public, suite à la folle gaieté engendrée lors de la Fête de la Madeleine, par les "cris de la rue". Et ceci, quoiqu'en anglais, ce sera notre FANFARE !
Quelques phrases inoubliables proférées par Odette:
ODETTE in English
I/ Aussi quand cette année-là, la demi-mondaine raconta à M. Verdurin qu'elle avait fait la connaissance d'un homme charmant, M. Swann, et insinua qu'il serait très heureux d'être reçu chez eux, M. Verdurin transmit-il séance tenante la requête à sa femme. […]
M. VERDURIN : Voici Mme de Crécy qui a quelque chose à te demander. Elle désirerait te présenter un de ses amis, M. Swann. Qu'en dis-tu ?
MME VERDURIN : Mais voyons, est-ce qu'on peut refuser quelque chose à une petite perfection comme ça ? Taisez-vous, on ne vous demande pas votre avis, je vous dis que vous êtes une perfection.
ODETTE : — Puisque vous le voulez (sur un ton de marivaudage), vous savez que je ne suis pas fishing for compliments.
MME VERDURIN : Eh bien ! amenez-le votre ami, s'il est agréable. »
II/ Quelque temps après cette présentation au théâtre, elle avait écrit à Swann pour lui demander à voir ses collections qui l'intéressaient tant :
ODETTE : Moi, ignorante qui ai le goût des jolies choses. Il me semble que je vous connaîtrais mieux, quand je vous aurai vu dans votre home que j’ imagine si confortable avec son thé et ses livres. Mais je suis surprise que vous habitiez ce quartier qui doit être si triste et « qui est si peu smart pour vous qui l’êtes tant.
III/ En disant aux Verdurin que Swann était très « smart », Odette leur avait fait craindre un « ennuyeux ». Il leur fit au contraire une excellente impression. Il n'eut un moment de froideur qu'avec le docteur Cottard : en le voyant lui cligner de l'oeil et lui sourire d'un air ambigu avant qu'ils se fussent encore parlé (mimique que Cottard appelait « laisser venir). Le peintre invita tout de suite Swann à venir avec Odette à son atelier, Swann le trouva gentil.
MME VERDURIN : Peut-être qu'on vous favorisera plus que moi, et qu'on vous montrera le portrait de Cottard (elle l'avait commandé au peintre). Pensez bien, “monsieur” Biche, à rendre le joli regard, le petit côté fin, amusant, de l'oeil. Vous savez que ce que je veux surtout avoir, c'est son sourire, ce que je vous ai demandé, c'est le portrait de son sourire.
Et comme cette expression lui sembla remarquable elle la répéta très haut
MME VERDURIN : ce que je veux surtout avoir, c'est son sourire, ce que je vous ai demandé, c'est le portrait de son sourire.
pour être sûre que plusieurs invités l'eussent entendue, et même, sous un prétexte vague, en fit d'abord rapprocher quelques-uns.
IV/ Mais Swann ne cherchait nullement à lui faire modifier cette conception du chic ; pensant que la sienne n'était pas plus vraie, était aussi sotte, dénuée d'importance, il ne trouvait aucun intérêt à en instruire sa maîtresse. Odette était par ailleurs portée à croire les relations de Swann peu chic, depuis qu'elle avait vu passer dans la rue la marquise de Villeparisis en robe de laine noire, avec un bonnet à brides.
ODETTE : Mais elle a l'air d'une ouvreuse, d'une vieille concierge, darling ! Ça, une marquise ! Je ne suis pas marquise, mais il faudrait me payer bien cher pour me faire sortir nippée comme ça !
V/
Il est vrai qu'un jour Forcheville avait demandé à être ramené en même temps, mais comme arrivé devant la porte d'Odette il avait sollicité la permission d'entrer aussi, Odette lui avait répondu en montrant Swann :
ODETTE : Ah ! cela dépend de ce monsieur-là, demandez-lui. Enfin, entrez un moment si vous voulez, mais pas longtemps parce que je vous préviens qu'il aime causer tranquillement avec moi, et qu'il n'aime pas beaucoup qu'il y ait des visites quand il vient. Ah ! si vous connaissiez cet être-là autant que je le connais ! n'est-ce pas, my love, il n'y a que moi qui vous connaisse bien ?
VI/ Comme j'avais demandé à Mme Swann, en m'efforçant de prendre le ton indifférent d'un ami de la famille, curieux des préférences d'une enfant
LE NARRATEUR : Quels étaient parmi les camarades de Gilberte ceux qu'elle aimait le mieux ?
ODETTE : Mais vous devez être plus avancé que moi dans ses confidences, vous qui êtes le grand favori, le grand crack, comme disent les Anglais.
VII/ Elle laissait les domestiques emporter le thé comme elle aurait annoncé : « On ferme ! » Et elle finissait par me dire :
ODETTE : Alors, vraiment, vous partez ? Hé bien, good bye ! »
VII/
Dès son arrivée, je saluais Mme Swann, elle m'arrêtait et me disait :
ODETTE « Good morning » en souriant.
Nous faisions quelques pas. Et je comprenais que ces canons selon lesquels elle s'habillait, c'était pour elle-même qu'elle y obéissait, comme à une sagesse supérieure dont elle eût été la grande prêtresse.
Ce qui augmentait cette impression que Mme Swann se promenait dans l'avenue du Bois comme dans l'allée d'un jardin à elle, c'était – pour ces gens qui ignoraient ses habitudes de « footing » – qu'elle fût venue à pied, sans voiture qui suivît, elle que dès le mois de mai, on avait l'habitude de voir passer avec l'attelage le plus soigné, la livrée la mieux tenue de Paris, mollement et majestueusement assise comme une déesse, dans le tiède plein air d'une immense victoria à huit ressorts.
VIII/
Odette prenait un air mièvre qu'elle poussait à l'extrême quand elle disait : « Je ne dis pas que les armées allemandes ne se battent pas bien, mais il leur manque ce qu'on appelle le cran. » Pour prononcer « le cran » (et même simplement pour le « mordant ») elle faisait avec sa main le geste de pétrissage et avec ses yeux le clignement des rapins employant un terme d'atelier. Son langage à elle était pourtant, plus encore qu'autrefois, la trace de son admiration pour les Anglais, qu'elle n'était plus obligée de se contenter d'appeler comme autrefois « nos voisins d'outre-Manche », ou tout au plus « nos amis les Anglais », mais « nos loyaux alliés ». Inutile de dire qu'elle ne se faisait pas faute de citer à tout propos l'expression de fair play pour montrer les Anglais trouvant les Allemands des joueurs incorrects, et « ce qu'il faut c'est gagner la guerre, comme disent nos braves alliés ». Tout au plus associait-elle assez maladroitement le nom de son gendre à tout ce qui touchait les soldats anglais et au plaisir qu'il trouvait à vivre dans l'intimité des Australiens aussi bien que des Écossais, des Néo-Zélandais et des Canadiens. « Mon gendre Saint-Loup connaît maintenant l'argot de tous les braves tommies, il sait se faire entendre de ceux des plus lointains dominions et, aussi bien qu'avec le général commandant la base, fraternise avec le plus humble private. »