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Proust, Proust, Proust, c'était lui qui me liait à Gilles Cottin et en 2019, c'est en son honneur que Gilles organisa quelques fêtes dans un spacieux bureau d'experts comptables de ses amis, le soir après la fermeture. Le thème était: "Récitez une phrase de Proust par coeur", mais voici que dès la première soirée, Gilles, buste miniature de Proust en mains, se lança dans Le Bateau ivre. Il n'alla pas bien loin, s'empêtra dans les vers euphoriques dès la 2ème strophe (le poème en comporte 25), jurant, pestant, se ruant en vain sur les 2 derniers quatrains, pour enfin s'aider de l'outil indispensable, la précieuse antisèche:
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Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.
[...]
Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.
Arthur Rimbaud, Poésies
A cette époque, je proustifiais principalement au Café de la Mairie, place Saint Sulpice, au 1er étage, où 2 fois par mois on venait "Dîner avec Proust".
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Ces "Dînez avec Proust" se donnaient depuis plusieurs années, ils avaient vu défiler des centaines d'acteurs improvisés, et j'en étais finalement fatiguée. C'est alors que Ruth est venue "jouer" et nous a fait découvrir son talent de tragédienne, on aurait dit Sarah Bernhardt !
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Lasse des "Dînez avec Proust", mais pas du "Par Coeur", je trouvai un endroit où chacun pouvait à sa guise réciter: le jardin du PALAIS-ROYAL, remplacé par le péristyle Montpensier du même PALAIS-ROYAL, juste après les colonnes de Buren, sur leur gauche. Très vite Ruth, une inconditionnelle d'Arthur Rimbaud, nous servit un émouvant Bateau ivre, devant un parterre ébloui.
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Suite à cette découverte poétique, me voici penchée sur mon passé : Une petite visite sentimentale à la place Saint-Sulpice, pour y revoir le Café de la Mairie (sans que je monte l'escalier très raide conduisant au premier étage le plus littéraire de Paris: des groupes de poètes, d'historiens, de romanciers s'y succèdent, et Georges Perec y passa même une journée à la fenêtre; il tira de son expérience Tentative d'épuisement d'un lieu parisien), une entrée/sortie à l'église pour jeter un oeil à la main de l'un des prophètes peints sur son plafond par Jules-Eugène Lenepveu, pourquoi me direz-vous? parce que mon père Gaston, vers 1935, alors qu'il avait 20 ans, avait aidé le père de son ami Jacques, un étudiant-dentiste comme lui, sur son échafaudage d'où il restaurait cette scène (refaite de nouveau très récemment). Et c'est ainsi qu'une main, je ne sais laquelle, porte l'empreinte colorée de Gaston, son seul legs culturel ou de quelque autre sorte à ses 5 enfants: un lieu de pèlerinage au plafond.
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Une fois sortie de l'église, juste à côté, un autre lieu de pèlerinage, poétique cette fois, rue Férou, pour lire en entier le célèbre poème de Rimbaud.
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De retour au péristyle, devant le talent de Ruth, admirée pour ses accents tragiques autant que pour sa grande mémoire, je lui propose une "battle" autour du Bateau Ivre, à organiser si Georges, un écrivain rencontré au Salon du Livre du Lion's dans la mairie du 7ème, qui, à ma question-bateau "Connaissez-vous un texte par coeur?" avait répondu Le Bateau Ivre. En entier ? Mais oui.
Georges d'accord, il faut trouver une date (un 2ème mardi ou vendredi du mois). C'est ainsi que le mardi 9 janvier 2024, fouettés par un vent glacial, nous voici devant le Grand Véfour, péristyle de Joinville, le péristyle Montpensier étant investi par l'équipe d'un film sur le grand cuisinier Antonin Carême, inventeur du vol-au-vent. Une battle s'engage, 2 styles de récitations s'entrechoquent, tandis qu'on claque des dents (de froid). Les 25 strophes scandées, vite au Petit Flore, 6 rue Croix des Petits Champs, pour nous réchauffer !
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Quelques mois sans Bateau ivre, mais Ruth toujours sur le pont rimbaldien, avec Le dormeur du Val, Les poètes de sept ans, Les effarés.....
En juin dernier, retour place Saint-Sulpice, où je profite du Marché de la Poésie pour distribuer ma Gazette du Palais-Royal, qui, entre autres, annonce les dates du Par Coeur, à une centaine de badauds dont je me dis "ils aiment la poésie, ils aimeront sans doute notre PAR COEUR au PALAIS-ROYAL." Oui, ils l'aiment mais sont souvent de province ou même de l'étranger, de passage à Paris, et surtout ils cherchent à pouvoir lire leurs propres poésies, je les comprends c'est si dur d'intéresser le public avec ses poèmes ! Mais notre règle prohibe, sous les arcades du Palais-Royal, de se lire (Aymeric nous avait avertis et après 2 expériences malheureuses d'auteurs en mal de public qui n'en finissaient pas, Le Bateau Ivre semblant par sa longueur un simple haiku).
Grâce à ce "tractage", le mardi 9 juillet, se pointe péristyle Montpensier un amateur de récitations qui demande à rester incognito, et prend le nom de scène de Paul Stopin de La Civette du Palais-Royal, nom gravé sur l'enseigne nous servant de décor pour les récitations, en plus court Paul Stopin:
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Après quelques textes divers d'Alphonse Allais, Victor Hugo, Georges Duhamel, "Paul Stopin" nous propose de réciter Le Bateau Ivre, ce qui lui arrive parfois de faire en face du mur de la rue Férou. Par modestie, il ferait semblant de le lire alors qu'il le dit par coeur. Vas-y Paul, on t'écoute. Magnifique, tout aussi réussi mais très différent de l'interprétation de Ruth ou Georges, un nouveau régal!
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Finalement, lorsque vendredi 12 juillet Paul revient réciter, Ruth qui se produisait en début de semaine à Illiers Combray, est là. Sollicités, ils acceptent tous deux, sans préparation, de faire une nouvelle battle à deux voix du texte de l'adolescent génial.
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Un nouveau délice, je note que dans l'assistance Philippe, véritable aède de l'Iliade, récite muettement le poème, au rythme de nos deux battleurs. Et je me dis: "Ce serait peut-être plus facile pour notre troupe de déclamer Rimbaud plutôt que notre petit refrain?"
Comme aurait presque dit Diderot en commençant Le neveu de Rameau:
"Qu'il fasse beau, qu'il fasse laid, c'est mon habitude d'aller sur les SIX heures du soir me promener au Palais-Royal. C'est moi qu'on voit, jamais seul, récitant sous le péristyle Montpensier."
PROCHAIN RV mardi 20 août et vendredi 23 août:
et dans quelques jours, 2ème épisode du feuilleton
"HISTOIRES DE PAR COEUR": Où tout a commencé
PS: voici les vidéos dont sont tirées les photos
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"Le Bateau ivre" d'Arthur Rimbaud, pour l'éternité, dans le feuilleton "PAR COEUR au PALAIS-ROYAL"
Un endroit à voir absolument, on peut réciter devant (ou faire semblant de lire, alors qu'on le dit par coeur, comme Paul Stopin, un fidèle du péristyle Montpensier). #Rimbaud,
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DINEZ AVEC PROUST: le mardi 30 avril 2024 à 19 h, au PETIT FLORE, 6 rue Croix des Petits-Champs.
DINEZ AVEC PROUST: prochain rendez-vous: le mardi 30 avril 2024 à 19 h, on jouera quelques scènes., juste à côté du Palais-Royal. Dialogues garantis drôles et parfois émouvants; tout Proust ...
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lancement de la battle poétique au Palais Royal, devant le Véfour, caméra de Leyla:
soirée glaciale, mais humeur chaleureuse
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les battleurs Ruth et Georges et "Le bateau Ivre" Suite et fin
Au Palais Royal, le 9 janvier 2024, PAR COEUR
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11 likes, 2 comments - proustpourtous on July 13, 2024: "Une "battle" : Paul et Ruth, récitent à 2 voix "le Bateau ivre" de Rimbaud. #rimbaud #arthurrimbaud #palaisroyal".
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