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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

En janvier: remerciements pour 2019: 3 premiers portraits

Publié le 4 Janvier 2020 par proust pour tous in Actualités proustiennes- Proust news

En cette nouvelle année je voudrais remercier ceux qui ont enchanté ma vie de proustienne en 2019:

LAURENT ANGARD :

Surprise ! Un message sur facebook, envoyé par un professeur de lettres au collège, et voici le début d’un échange menant à PROUST à l’ÉCOLE. 

Quelques mois plus tard, je débarque à la gare de Strasbourg, où Laurent est venu me chercher, pour suivre quelques classes dans son collège de la banlieue strasbourgeoise, situé en REP (Réseau d’Éducation Prioritaire) : UN MONDE NOUVEAU S’OUVRE DEVANT MOI, CELUI DES MISSIONNAIRES DE LA LITTÉRATURE.  Trois jours très excitants s’ensuivent, tandis que je suis mon hôte dans sa classe de 3ème, mais aussi une classe de 4ème. Et après Proust, je l’écoute enseigner le français à partir d’un roman dont je n’avais jamais entendu le titre : Le Château d’Eppstein d’Alexandre Dumas. Il faut dire que Laurent a pour maître littéraire non pas Proust, mais Dumas (il fait même une thèse avec Luc Fraisse, avec lequel il écrit souvent comme cet article paru en 2015, et une prochaine édition qui concerne la famille de Proust... : Proust et Alexandre Dumas : à la rencontre du roman qui ”ne se pense pas”,voir en pj) et je passais l’heure de classe, durant laquelle Laurent exerçait ses qualités d’enseignant « une main de fer dans un gant de velours », à l’écouter nous expliquer que « sauvage », dans le roman, ne signifie pas "violent, barbare", comme plusieurs élèves ayant sagement levé le doigt suggérèrent, mais "proche de la nature" (grâce à la racine dans le mot silva la forêt en latin) et de regretter pour une fois les années que je n’avais pas passées au lycée à étudier les langues anciennes. D’ailleurs la première passion de Laurent était l’étude du grec ancien, de quoi gonfler mon regret. Ajoutée à cela, une lecture d’extraits du livre aussi passionnant et mieux écrit qu’Harry Potter dont j’avais pourtant bien aimé le 1er tome, lu en Amérique à sa sortie, recommandé par Charlotte, une amie d’alors, aristocrate anglaise ressemblant à Grace Kelly, quel bon souvenir ! Donc Alexandre Dumas (que mon père, à cause de qui j’avais lu Proust, portait au pinacle) que j’avais dédaigné par snobisme littéraire (Proust, ça se mérite ! pas Dumas) fut l’objet d’un cadeau que je reçus à Noël, et que je dévorai : le roman m’a beaucoup plu. Si vous ne savez pas quoi offrir à des jeunes fous du sorcier anglais, offrez-leur donc ce roman d’Alexandre Dumas.

Ces trois jours m’avaient fait changer d’avis sur un sujet important : l’enseignement (les plaisirs de la vie ne sont-ils pas de changer d’avis ? et ce faisant de combattre les idées que vous avez reçues et qui n’étaient jamais passées à la moulinette de l’expérience), et accessoirement sur la prose d’Alexandre Dumas, mais mon avis n’avait pas changé sur un sujet lui aussi important : l’amour de la bonne choucroute (dégustée dans une brasserie, discutant Proust à table avec des Inspecteurs d’Académie et les amis/collègues de Laurent, dont le décor me fit penser à Vienne. Je ne savais pas pourquoi jusqu’au moment, ce matin, où j’ai lu dans le Dictionnaire égoïste de la littérature française, de Charles Dantzig, son chapitre sur Proust qui commence par : « Romancier austro-hongrois ayant écrit en français. »). Et Laurent m’a même confortée dans mon idée que la cathédrale de Strasbourg était la plus belle (un sentiment qui m’envahit, que je sois à Chartres ou Reims, ou Amiens, en véritable cœur d’artichaut de l’art gothique). 

Pour 2020, je rêve de voir le PROUST à l’ECOLE publié, sous une forme ou une autre chez Nathan, je rêve aussi d’adapter ce très beau travail en méthode pour tous les âges, accompagnée par Laurent, un maître comme on ne sait plus qu’il en existe.

 
 

AGNÈS PENFORNIS :

Entrer dans la peau des personnages, c’est un peu ce qui s’est passé à Illiers Combray en mai dernier, lors des nombreuses fêtes du 1er Printemps Proustien, lorsque tous les villageois ont déambulé dans les rues en costumes de l’époque de ”Combray”.  Ce petit miracle s’est produit grâce aux habiles mains d’Agnès Penfornis, http://agnes.penfornis.free.fr couturière, artisan d’art, qui tient atelier tout près de la gare. Personne aimable et très sympathique, qui me rendit plusieurs fois visite dans la  boutique éphémère que j’avais tenue du 11 au 19 mai, Agnès, qui avait accepté de faire revivre par le plumage les fantômes surgis du côté de chez Swann, accepta de bonne grâce, de les faire revivre par le ramage, en organisant un groupe de 12 Islériens, qui prirent la parole dans la 1ère CHORALE SANS MUSIQUE, dans le jardin même de la Tante Léonie, qu’on aurait pu apercevoir soulevant un coin du rideau de dentelle ornant la fenêtre de sa chambre. Et Agnès, entourée de ses amis pleins de bonne volonté, et de son mari Patrick (qui avait, aux fourneaux, participé aux agapes du centenaire du Goncourt), se retrouva, telle une fée discrète mais fière de son travail, à déclamer du Proust sous le vent de la Beauce.

Pour 2020, je rêve de voir, lors du prochain Printemps Proustien, Agnès organiser une CHORALE SANS MUSIQUE qui rivaliserait par la qualité, par le nombre, par le timbre de voix, avec un chœur de théâtre antique. Je rêve aussi qu’elle tienne dans son atelier des réunions de broderie où, tout en tirant l’aiguille, les participants écouteraient des lectures ou des récitations par cœur.

 

 

 

HENRI GIRARD :

Henri présentait son premier roman au Salon du Livre de Paris, il y a une dizaine d’années : SOUS L’AILE DU CONCOMBRE. Comme j’adore les bons titres, je me précipitai sur l’ouvrage, et ne fus pas déçue : une bonne histoire, une époque que je reconnais (celle de ma jeunesse : Henri a exactement mon âge) dans un milieu que je ne connais point (la campagne : Henri n’avait-il pas un grand-père qui était cantonnier sur la route de Louviers ?), dans un style que d’aucuns apparentent à celui de René Fallet. De plus Proust cité, une lecture secrète, pour un personnage à l’antipode des snobs amateurs de la Recherche que beaucoup imaginent (vive Proust pour Tous !)

Mais Henri, romancier, est aussi l’ami des romanciers en mal d’éditeurs et nombreux sont ceux qui lui demandent son aide, qu’il accorde avec délicatesse, finesse, et en toute franchise, ce qui l’a amené à lui-même créer son propre salon d’ARTS ET LITTERATURE, dans son patelin (Perthes-en-Gâtinais). C’est là qu’il m’a invitée en 2019 à présenter mon Du côté de chez Proust, avec conférence à l’appui, devant un public conquis d’avance, chauffé à bloc par notre hôte, qui s’y connait en mise en avant de vedettes de l’ère yéyé (n’avais-je pas comme voisin de table Herbert Léonard, inoubliable interprète de Pour le plaisir). Mais Henri sait aussi emballer un public plus jeune, il organise ici et là, dans des rencontres culturelles un « défi Carambar », fait de questions de culture générale de tous niveaux qu’il a soigneusement concoctées, et qui permet aux nombreux vainqueurs de recevoir, lancés dans la foule, de ces fameux caramels qu’Henri leur balance, en une vraie manifestation de culture populaire.

Et pour 2020, je rêve qu’au grand salon du livre de Mennecy (le 1er février), où grâce à Henri je vais présenter mon PROUST à l’ECOLE, devant un parterre de professeurs, et de badauds au bord de l’hystérie collective, (grâce à qui ?) je préparerai un futur radieux où Henri remplacera ses carambars par des madeleines : voir le lancer de madeleines à la minute 1 :33) (ce n'est qu'un rêve)

 

A 1: 33 mn, lancer de madeleines

LA SEMAINE PROCHAINE QUELQUES NOUVEAUX PORTRAITS, EN HOMMAGE A TOUS CEUX QUI M'ONT PROUSTEMENT AIDEE EN 2019

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