
Jérôme Bastianelli, président de la Société des amis de Marcel Proust, mérite cette position pour mille raisons qui ont à voir avec sa capacité d'amabilité, de courtoisie vis-à-vis de tous, son dynamisme intelligent sans arrogance et son talent de rassembleur.
Mais en publiant son livre "La vraie vie de Vinteuil", très bien reçu par la presse littéraire, il signe son acte de foi en Proust, dont la Recherche est l'histoire d'une vocation d'écrivain, et qui, par la force de son écriture, inspire d'innombrables lecteurs à devenir auteurs.
Ces auteurs bien souvent s'acharnent sur la vie de notre héros, dont ils ne laissent pas le moindre gribouilli, la moindre lettre, indéchiffrés, "car (pour paraphraser le duc de Guermantes), si ce n'est pas indéchiffrable, c'est déchiffré". Ils ne peuvent trouver leur place que dans l'étude minutieuse de la vie de Proust et son époque, Ils n'arrivent pas à franchir le pas de la création, ce que Jérôme, en écrivant la fausse biographie de Vinteuil, a fait en véritable proustien, il a pu exprimer dans son livre toute sa nature, inspirée, transcendée par la lecture de Proust. Et c'est ainsi que notre charmant polytechnicien mélomane, érudit chroniqueur, photographe de talent, contemplatif de nuages est devenu un véritable ARTISTE.
Pour en savoir plus sur ce livre, histoire qui a fleuri sur le terreau de l'Histoire avec un grand H, que je ne fais que commencer, lire la chronique de Patrice Louis, Fou de Proust le bien nommé (et auteur lui-même d'un roman du même nom): Jérôme Vinteuil par Georges Bastianelli
– Ah ! La Haye, quel musée ! s'écria M. de Guermantes.
Je lui dis qu'il y avait sans doute admiré la Vue de Delft de Vermeer. Mais le duc était moins instruit qu'orgueilleux. Aussi se contenta-t-il de me répondre d'un air de suffisance, comme chaque fois qu'on lui parlait d'une oeuvre d'un musée, ou bien du Salon, et qu'il ne se rappelait pas : « Si c'est à voir, je l'ai vu ! » Le côté de Guermantes