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Les éditions du Cherche-midi, avec la maison Guerlain ont organisé un concours de nouvelles sur le thème de la couleur. Les profits allant aux restos du coeur, pour leur lutte contre l'illettrisme.
17 lauréats, dont moi pour ma nouvelle "Le bleu et le jaune", qui met en scène des proustiens fidèles des dîners au café de la Mairie;
Pour remercier ces proustiens et tous les autres, j'organise une fête le vendredi 3 juin, à partir de 18h 30, au 1 er étage: du champagne sera offert, et ceux qui le désirerons pourrons dîner (à leurs frais). Mais surtout les personnages de la nouvelle seront présents, et "joueront leur rôle", les héros étant Jérôme et Hélène (pour l'amour), Catherine, Marie-Pierre, Jahida, et Jules, pour l'amitié, une amitié partagée par les membres du petit clan....
COULEURS, éditions du cherche-midi
Le trophée, qui est un peu à nous tous, sera exposé, on pourra le vénérer comme une relique à la gloire de vous savez qui.
Extrait de "Le bleu et le jaune" de Laurence Grenier :
Eh bien, moi qui suis peintre, je vous le dis, ce qui compte, c’est que le petit pan de mur soit jaune, c’est la couleur qui compte. D’ailleurs la description de La vue de Delft nous rappelle que Proust était à sa façon un grand peintre, doué d’un sens de l’observation aigu, avec sa palette faite de mots. - Il est fort, notre Marcel: il fait de la pub pour un peintre qu’il adore, de la pub à telun point qu’on ne peut parler sérieusement de Vermeer sans citer le petit pan de mur jaune, je viens de voir à la télé la présentation d’une exposition de peintres hollandais du XVIIème siècle à Berlin, et qui donc a été cité ? C’est fou ! - On a de la chance : quand on parle de Vermeer, on cite Proust ; quand on parle de peinture, on cite Proust, de même pour la jalousie, la musique, le temps qui passe et la mémoire. - Et le bœuf en gelée… - Ah, la mémoire involontaire, la fameuse madeleine… Avez-vous appris qu’à Illiers-Combray, près du Musée Marcel Proust, deux pâtisseries se battent pour avoir le droit d’appeler leurs madeleines "la véritable madeleine de Proust". Elles ont tort toutes les deux, car qui fait les meilleures madeleines ? Pendant cette conversation, typique des réunions régulières de ce petit cercle de proustiens, habitués du 1er étage du café de la Mairie, place St Sulpice, un nouveau venu, Jérôme, homme charmant à l’humeur mélancolique, n’avait rien dit. Il avait rejoint ce cénacle d’enragés de la Recherche, longtemps après avoir fini le livre, qu’il avait dévoré après un chagrin d’amour, et dans lequel il avait trouvé une consolation, fasciné qu’il avait été par la finesse de l’analyse de la douleur qu’il venait d’éprouver, et rassuré que sa tristesse puisse être si bien dite, déconstruite, élevée à un niveau universel, ce qui lui avait fait gravir un échelon dans la connaissance de lui-même.Et quand il avait appris que l’on pouvait retrouver des fans de Proust, sans s’annoncer, il n’avait pas hésité, le troisième mercredi de chaque mois, à quitter son travail d’ingénieur pour épancher une émotion littéraire qu’il ne décelait pas fréquemment parmi ses collègues. Mais comme il avait le goût de la précision, allait au fond des choses sans a priori, il fit une proposition : Nous connaissons tous bien le tableau de Vermeer, nous en avons vu mille reproductions. Mais ces copies inégales, plus ou moins bleutées ou dorées, ne nous permettent pas de résoudre l’énigme du petit pan de mur jaune,....