/image%2F0724681%2F201309%2Fob_2efb0bbb1fcd9d8c4a7fa3f8f4933565_nabokov.jpg)
Angie m'a recommandé les analyses de Nabokov, qui avait enseigné la littérature dans des universités américaines. L'analyse suivante répond à la critique que ceux qui n'aiment pas Proust avancent souvent: "je n'aime pas le milieu que le narrateur décrit; ces snobs oisifs ne m'intéressent pas.". Ils ont bien tort:
Proust est un prisme. Son seul objet est de réfracter, et, par réfraction, de recréer rétrospectivement un monde. Ce monde lui-même, les habitants de ce monde, n'ont aucune espèce d'importance historique ou sociale. Il se trouve qu'ils sont ce que les échotiers appellent des représentants du Tout-Paris, des messieurs et des dames qui ne font rien, de riches oisifs. Les seules professions que l'on nous montre en action, ou à travers leurs résultats, relèvent de l'art ou de l'érudition. Les créatures prismatiques de Proust n'ont pas d'emploi, leur emploi est d'amuser l'auteur.
Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 2010, partie Littératures I, Marcel Proust (1871-1922) — Du côté de chez Swann (1913), p. 287