Je viens de lire quelque part qu'une étude sérieuse a montré que les gens de plus de 65 ans, même s'ils ont toutes leurs facultés mentales, perdent du jugement, et prennent souvent, en toute connaissance de cause, des décisions contre leur propre intérêt. Je ne suis pas d'accord, je crois qu'avec l'âge, et l'omniprésence de la notion du temps qui nous échappe, l'intérêt s'est déplacé, les logiques de vie s'adaptent au raccourcissement du temps.
Mme de Guermantes, au déclin de sa vie, avait senti s'éveiller en soi des curiosités nouvelles. Le monde n'avait plus rien à lui apprendre. L'idée qu'elle y avait la première place était, nous l'avons vu, aussi évidente pour elle que la hauteur du ciel bleu par-dessus la terre. Elle ne croyait pas avoir à affermir une position qu'elle jugeait inébranlable. En revanche, lisant, allant au théâtre, elle eût souhaité avoir un prolongement de ces lectures, de ces spectacles ; comme jadis dans l'étroit petit jardin où on prenait de l'orangeade, tout ce qu'il y avait de plus exquis dans le grand monde venait familièrement, parmi les brises parfumées du soir et les nuages de pollen, entretenir en elle le goût du grand monde, de même maintenant un autre appétit lui faisait souhaiter savoir les raisons de telle polémique littéraire, connaître des auteurs, voir des actrices. Son esprit fatigué réclamait une nouvelle alimentation. Le Temps retrouvé
I just read somewhere about a serious study showing that people over 65, even when they still have their brains, seem to loose their judgement and often decide against their own interest. I disagree, I think that with age comes a new logic linked to the notion of time that flies, and new interests develop.