Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

proustPOURtous: nos mois successifs: many different "I"

Publié le 20 Avril 2012 par laurence grenier

Un ami de facebook m'oppose au moi littéraire de Proust, qui le poussait à prendre position contre Sainte-Beuve, les mois successifs du narrateur.

 

 

 

 

 

 

 

Pendant quelques instants, et sachant qu’il me rendait plus heureux qu’Albertine, je restais en tête à tête avec le petit personnage intérieur, salueur chantant du soleil et dont j’ai déjà parlé. De ceux qui composent notre individu, ce ne sont pas les plus apparents qui nous sont le plus essentiels. En moi, quand la maladie aura fini de les jeter l’un après l’autre par terre, il en restera encore deux ou trois qui auront la vie plus

 

dure que les autres, notamment un certain philosophe qui n’est heureux que quand il a découvert, entre deux oeuvres, entre deux sensations, une partie commune. Mais le dernier de tous, je me suis quelquefois demandé si ce ne serait pas le petit bonhomme fort semblable à un autre que l’opticien de Combray avait placé derrière sa vitrine pour indiquer le temps qu’il faisait et qui, ôtant son capuchon dès qu’il y avait du soleil, le remettait s’il allait pleuvoir. Ce petit bonhomme-là, je connais son égoïsme : je peux souffrir d’une crise d’étouffements que la venue seule de la pluie calmerait, lui ne s’en soucie pas, et aux premières gouttes si impatiemment attendues, perdant sa gaîté, il rabat son capuchon avec mauvaise humeur. En revanche, je crois bien qu’à mon agonie, quand tous mes autres « moi » seront morts, s’il vient à briller un rayon de soleil tandis que je pousserai mes derniers soupirs, le petit personnage barométrique se sentira bien aise, et ôtera son capuchon pour chanter : « Ah ! enfin, il fait beau. »

La prisonnière



And so, to begin the morning, I did not send for her at once, especially if it was a fine day. For some moments, knowing that he would make me happier than Albertine, I remained closeted with the little person inside me, hymning the rising sun, of whom I have already spoken. Of those elements which compose our personality, it is not the most obvious that are most essential. In myself, when ill health has succeeded in uprooting them one after another, there will still remain two or three, endowed with a hardier constitution than the rest, notably a certain philosopher who is happy only when he has discovered in two works of art, in two sensations, a common element. But the last of all, I have sometimes asked myself whether it would not be this little mannikin, very similar to another whom the optician at Combray used to set up in his shop window to forecast the weather, and who, doffing his hood when the sun shone, would put it on again if it was going to rain. This little mannikin, I know his egoism; I may be suffering from a choking fit which the mere threat of rain would calm; he pays no heed, and, at the first drops so impatiently awaited, losing his gaiety, sullenly pulls down his hood. Conversely, I dare say that in my last agony, when all my other ‘selves’ are dead, if a ray of sunshine steals into the room, while I am drawing my last breath, the little fellow of the barometer will feel a great relief, and will throw back his hood to sing: “Ah! Fine weather at last!”

The Captive 

 

 

 

 

Commenter cet article
G
<br /> il me semble que c'est plus profond et plus important que cela<br /> <br /> <br /> le probléme d'ipséité est un des fils d'Ariane de l'oeuvre (à mon avis)<br /> <br /> <br /> je suis très loin de chez moi et de toute bibliothèque mais je crois me souvenir de la résurgence de la question dans les intermittences du coeur<br /> <br /> <br /> il y a aussi je crois dans un amour de Swann (vers la fin) un passage où le moi ancien et le nouveau s'entrecroisent.<br /> <br /> <br /> mais c'est sans doute sans importance et mes souvenirs sont spéculaires et déformants<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> bonsoir<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
Répondre