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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

Proustpourtous: Ingres

Publié le 1 Avril 2012 par laurence grenier

Je viens de voir une petite exposition de dessins de Ingres, au petit château de Sceaux, juste à côté de l'endroit où je vais reprendre aux beaux jours mes déclamations proustiennes, autour d'un pique-nique.

 

[le duc de Guermantes] Du reste, il n’y a pas lieu de se mettre autant martel en tête pour creuser la peinture de M. Elstir que s’il s’agissait de la Source d’Ingres ou des Enfants d’Édouard de Paul Delaroche. Ce qu’on apprécie là dedans, c’est que c’est finement observé, amusant, parisien, et puis on passe. Il n’y a pas besoin d’être un érudit pour regarder ça. Je sais bien que ce sont de simples pochades, mais je ne trouve pas que ce soit assez travaillé. Swann avait le toupet de vouloir nous faire acheter une Botte d’Asperges . Elles sont même restées ici quelques jours. Il n’y avait que cela dans le tableau, une botte d’asperges précisément semblables à celles que vous êtes en train d’avaler. Mais moi je me suis refusé à avaler les asperges de M. Elstir. Il en demandait trois cents francs. Trois cents francs une botte d’asperges! Un louis, voilà ce que ça vaut, même en primeurs!

Le côté de Guermantes, II, II

 

http://www.editionsdelaspirale.com/

 

I just saw this morning an exhibition of Ingres' drawing in the small Sceaux castle, near the place where I read in public some Proust excerpts, around a pique-nique

 

[the duke of Guermantes]  Not that there’s any need to rack one’s brains over the meaning of M. Elstir’s work, as one would for Ingres’s Source or the Princes in the Tower by Paul Delaroche. What one appreciates in his work is that it’s shrewdly observed, amusing, Parisian, and then one passes on to the next thing. One doesn’t need to be an expert to look at that sort of thing. I know of course that they’re merely sketches, still, I don’t feel myself that he puts enough work into them. Swann was determined that we should buy a Bundle of Asparagus . In fact it was in the house for several days. There was nothing else in the picture, a bundle of asparagus exactly like what you’re eating now. But I must say I declined to swallow M. Elstir’s asparagus. He asked three hundred francs for them. Three hundred francs for a bundle of asparagus. A louis, that’s as much as they’re worth, even if they are out of season. I thought it a bit stiff.

The Guermantes'way, II, II (translated by C.K. Scott Moncrieff)

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