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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

Proust pour tous: la vérité n'a pas besoin d'être dite; no need to speak to tell the truth

Publié le 12 Septembre 2011 par laurence grenier

Alain Badiou a lu en ouverture le texte où Lacan fait parler la vérité («Moi, la vérité, je parle...»), splendide méditation sur la vertu du symptôme ou du geste manqué:«Que vous me fuyiez dans la tromperie ou pensiez me rattraper dans l’erreur, je vous rejoins dans la méprise contre laquelle vous êtes sans refuge.» (extrait du Nouvel obs 12 sept 2011).

Je m'en servirais peut-être pour la pièce que je suis en train d'écrire: "Rions avec Lacan".

Plus simplement:

Je n'ai jamais dans ma vie éprouvé une humiliation sans avoir trouvé d'avance sur le visage de Françoise des condoléances toutes prêtes; et lorsque dans ma colère d'être plaint par elle, je tentais de prétendre avoir au contraire remporté un succès, mes mensonges venaient inutilement se briser à son incrédibilité respectueuse mais visible et à la conscience qu'elle avait de son infaillibilité. Car elle savait la vérité; elle la taisait et faisait seulement un petit mouvement des lèvres comme si elle avait encore la bouche pleine et finissait un bon morceau. Elle la taisait, du moins je l'ai cru longtemps, car à cette époque-là je me figurais encore que c'était au moyen de paroles qu'on apprend aux autres la vérité.

Le côté de Guermantes, I

To return to Françoise, I never in my life experienced any humiliation without having seen beforehand on her face a store of condolences prepared and waiting; and if then in my anger at the thought of being pitied by her I tried to pretend that on the contrary I had scored a distinct success, my lies broke feebly on the wall of her respectful but obvious unbelief and the consciousness that she enjoyed of her own infallibility. For she knew the truth. She refrained from uttering it, and made only a slight movement with her lips as if she still bad her mouth full and was finishing a tasty morsel. She refrained from uttering it, or so at least I long believed, for at that time I still supposed that it was by means of words that one communicated the truth to others.

 Guermantes'way, I 



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