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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

proust pour tous: extraire l'essence des choses; extracting things essence

Publié le 31 Mars 2011 par laurence grenier in informations pratiques

J'ai lu dans le Figaro un article  http://www.lefigaro.fr/livres/2011/03/30/03005-20110330ARTFIG656-osmonde-sort-de-l-ombre.php, sur Gabriel Osmonde (nom d'emprunt d'Andreï Makine) qui m'a donné grande envie de lire son livre, et non pas seulement parce qu'il cite Proust, mais parce qu'il semble chercher ce que j'ai trouvé dans la recherche:

 

Alternaissance est l'histoire d'un homme revenu de tout qui débarque dans une ville d'Australie où est installée la Fondation des Diggers, sorte d'institut de recherches sur l'existence humaine. Son objectif est de mettre en évidence que l'homme est le jouet de causalités biologiques et sociales absurdes. Cela afin de l'amener à un sursaut de conscience qui lui rende la capacité d'apercevoir, par instants, l'essence merveilleuse des choses. On songe aux réminiscences de Proust, aux épiphanies de Joyce. Mais Osmonde va plus loin. Il tire de ces expériences esthétiques et mystiques un projet politique .

 

Ce que nous appelons la réalité est un certain rapport entre ces sensations et ces souvenirs qui nous entourent simultanément - rapport que supprime une simple vision cinématographique, laquelle s'éloigne par là d'autant plus du vrai qu'elle prétend se borner à lui - rapport unique que l'écrivain doit retrouver pour en enchaîner à jamais dans sa phrase les deux termes différents. On peut faire se succéder indéfiniment dans une description les objets qui figuraient dans le lieu décrit, la vérité ne commencera qu'au moment où l'écrivain prendra deux objets différents, posera leur rapport, analogue dans le monde de l'art à celui qu'est le rapport unique, de la loi causale, dans le monde de la science et les enfermera dans les anneuaux nécessaires d'un beau style, ou même, ainsi que la vie, quand en rapprochant une qualité commune à deux sensations, il dégagera leur essence en les réunissant l'une à l'autre pour les soustraire aux contingences du temps, dans une métaphore, et les enchaînera par le lien indescriptible d'une alliance de mots.

Le Temps retrouvé

 

What we call reality is a relation between those sensations and those memories which simultaneously encircle us — a relation which a cinematographic vision destroys because its form separates it from the truth to which it pretends to limit itself — that unique relation which the writer must discover in order that he may link two different states of being together for ever in a phrase. In describing objects one can make those which figure in a particular place succeed each other indefinitely; the truth will only begin to emerge from the moment that the writer takes two different objects, posits their relationship, the analogue in the world of art to the only relationship of causal law in the world of science, and encloses it within the circle of fine style. In this, as in life, he fuses a quality common to two sensations, extracts their essence and in order to withdraw them from the contingencies of time, unites them in a metaphor, thus chaining them together with the indefinable bond of a verbal alliance. 

  Time Regained

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