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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

de mauvais conseils aux amoureux; bad advice for those who are in love

Publié le 1 Décembre 2012 par laurence grenier

Je ne peux m'empêcher de donner des conseils à mes enfants sur ce qu'ils devraient faire avec leurs Jules/Louloutte, pourtant je sais qu'ils ne les suivront pas. Je devrais aussi savoir qu'on peut donner de mauvais conseils, et dans La Recherche, ils ne manquent pas.

 

Les relations avec une femme qu'on aime (et cela peut s'étendre à l'amour pour un jeune homme) peuvent rester platoniques pour une autre raison que la vertu de la femme ou que la nature peu sensuelle de l'amour qu'elle inspire. Cette raison peut être que l'amoureux, trop impatient par l'excès même de son amour, ne sait pas attendre avec une feinte suffisante d'indifférence le moment où il obtiendra ce qu'il désire. Tout le temps, il revient à la charge, il ne cesse d'écrire à celle qu'il aime, il cherche tout le temps à la voir, elle le lui refuse, il est désespéré. Dès lors elle a compris: si elle lui accorde sa compagnie, son amitié, ces biens paraîtront déjà tellement considérables à celui qui a cru en être privé, qu'elle peut se dispenser de donner davantage, et profiter d'un moment où il veut à tout prix terminer la guerre, en lui imposant une paix qui aura pour première condition le platonisme des relations.

Le Temps retrouvé

 

I can't help giving some advice to my children in dealing with their lovers, even when I know it is useless. I should also acknowledge that bad pieces of advice are common, especially in In Search of Lost Time.

 

A man's relations with a woman whom he loves (and the same may be true of love for a young man) may remain platonic for a reason which is neither the woman's virtue nor a lack of sensuality in the love which she inspires. The reason may be that the lover, too impatient from the very excess of his love, does not know to wait with a sufficient show of indifference for the moment when he will obtain what he desires. Over and over again he returns to the charge, he writes incessantly to the woman, he tries constantly so see her, she refuses, he is in dispair. Henceforth she understands that if she accords him her company, her friendship, this happiness in itself will seem considerable to the man wo thought he had lost it, that she may spare herself the trouble of giving him anything more and may take advantage of a moment when he can no longer endure not to see her, when he is determined at any price to end the war, to impose upon him a peace of which the first condition will be the platonic nature of their relations.

Time Regained

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