…. Mme Niçois faisait trop de gestes… à se rattraper… à tout… à rien….tout de suite à l’air… elle titubait…tournoyait !... elle avait de la feuille au vent… elle devait plus sortir de chez elle !... je lui avais assez répété !dit… je lui donnais le bras pour la reconduire !...
Les « calmants » aussi l’hébétaient… bien sûr !.... j’aime pas les drogues mais il en faut…. Un cas sur cent…Mme Niçois était un tel cas… son mal évoluait très lentement… une forme des vieillards… en plus, une forme pas nette du tout…. Envahissante, certes… et saignante… oh, des précautions à traiter ! à accompagner, ainsi dire… gaze par gaze… pansements de finesses !... et le moins possible de morphine… cependant de jamais aller mieux et de saigner tout de même un petit peu… « Docteur ! Docteur ! enlevez-moi ça !... Oh, Madame Niçois, non !.... voyons !.. » la subtilité, le tact des soins du cancer des vieillards c’est peu prou impossible pas croyable…. j’ai vu, je connais, hélas ! les subtilités d’Ambassades, grotesques balourdises à côté de ce qu’il vous faut, pour que votre vieillarde néomateuse vous envoie pâs foutre !.... vous et vos onguents !...vos espoirs et colin-tampon ! thermocauthères !.... au Diable !... aux roses !
Louis-Ferdinand Céline D’un château l’autre. Edition de la Pléiade