Je viens de discuter avec une amie qui a arrété de boire il y a plus de 30 ans, en s'inscrivant à Alcooliques Anonymes. Elle m'a appris que la règle de base, c'est de vivre le présent:
"Les « vingt-quatre heures » d’aujourd’hui sont la seule période de sa vie où il peut accomplir quelque chose en regard de son problème. Hier a disparu. Demain n’est jamais là. « Mais aujourd’hui », se dit-il, « aujourd’hui », je ne prendrai pas un verre. Je serai peut-être tenté de boire demain - et peut-être le ferai-je. Mais pourquoi me tracasser pour demain qui n’est pas encore là ? Mon gros problème est de ne pas prendre un verre pour ces présentes « vingt-quatre heures »."
Or, si déjà en arrivant à Rivebelle, j’avais jeté loin de moi ces béquilles du raisonnement, du contrôle de soi-même qui aident notre infirmité à suivre le droit chemin, et me trouvais en proie à une sorte d’ataxie morale, l’alcool, en tendant exceptionnellement mes nerfs, avait donné aux minutes actuelles, une qualité, un charme, qui n’avaient pas eu pour effet de me rendre plus apte ni même plus résolu à les défendre; car en me les faisant préférer mille fois au reste de ma vie, mon exaltation les en isolait; j’étais enfermé dans le présent comme les héros, comme les ivrognes; momentanément éclipsé, mon passé ne projetait plus devant moi cette ombre de lui-même que nous appelons notre avenir; plaçant le but de ma vie, non plus dans la réalisation des rêves de ce passé, mais dans la félicité de la minute présente, je ne voyais pas plus loin qu’elle.
A l'ombre des jeunes filles en fleurs, III
I just had a discussion with an old friend of mine who had stopped drinking more than 30 years ago. She gave me the basic rule of AA: live in the present. And decide each 24 hours to not take a drink, one day at a time.
But if already, before this point, on my arrival at Rivebelle, I had flung irretrievably away from me those crutches of reason and self-control which help our infirmity to follow the right road, if I now found myself the victim of a sort of moral ataxy, the alcohol that I had drunk, by unduly straining my nerves, gave to the minutes as they came a quality, a charm which did not have the result of leaving me more ready, or indeed more resolute to inhibit them, prevent their coming; for while it made me prefer them a thousand times to anything else in my life, my exaltation made me isolate them from everything else; I was confined to the present, as heroes are or drunkards; eclipsed for the moment, my past no longer projected before me that shadow of itself which we call our future; placing the goal of my life no longer in the realisation of the dreams of that past, but in the felicity of the present moment, I could see nothing now of what lay beyond it.
Within a budding grove