J'ai ainsi pu consolider mon répertoire, d'abord avec le Héron de La Fontaine:
LE HÉRON
Un jour sur ses longs pieds allait je ne sais où
Le Héron au long bec emmanché d’un long cou.
Il côtoyait une rivière.
L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours ;
Ma commère la Carpe y faisait mille tours
Avec le Brochet son compère.
Le Héron en eût fait aisément son profit :
Tous approchaient du bord, l’Oiseau n’avait qu’à prendre ;
Mais il crut mieux faire d’attendre
Qu’il eût un peu plus d’appétit.
Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.
Après quelques moments l’appétit vint ; l’Oiseau
S’approchant du bord vit sur l’eau
Des Tanches qui sortaient du fond de ces demeures.
Le mets ne lui plut pas ; il s’attendait à mieux,
Et montrait un goût dédaigneux
Comme le Rat du bon Horace. (1)
Moi des Tanches ? dit-il, moi Héron que je fasse
Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ?
La Tanche rebutée (2), il trouva du Goujon.
Du Goujon ! c’est bien là le dîné d’un Héron !
J’ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise !
Il l’ouvrit pour bien moins : tout alla de façon
Qu’il ne vit plus aucun Poisson.
La faim le prit ; il fut tout heureux et tout aise
De rencontrer un Limaçon.
Ne soyons pas si difficiles :
Les plus accommodants, ce sont les plus habiles :
On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
Gardez-vous de rien dédaigner ;
Surtout quand vous avez à peu près votre compte.
Et puis un petit reportage, où j'ai pu relier mon voyage à La Recherche:
L'arrivée en bateau:
Vue de la chambre hôtel de la Fenice
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Uploaded by Laurence Grenier on 2024-11-01.
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Et pour finir, réappris pour mon répertoire, un texte qui fait allusion à un palazzo de Venise, et qui m'a inspiré mon bouquin "Le plus beau tableau du monde": "La mort de Bergotte"
Il mourut dans les circonstances suivantes :
Une crise d'urémie assez légère était cause qu'on lui avait prescrit le repos. Mais un critique ayant écrit que dans la Vue de Delft de Ver Meer (prêté par le musée de La Haye pour une exposition hollandaise), tableau qu'il adorait et croyait connaître très bien, un petit pan de mur jaune (qu'il ne se rappelait pas) était si bien peint, qu'il était, si on le regardait seul, comme une précieuse œuvre d'art chinoise, d'une beauté qui se suffirait à elle-même, Bergotte mangea quelques pommes de terre, sortit et entra à l'exposition. Dès les premières marches qu'il eut à gravir, il fut pris d'étourdissements. Il passa devant plusieurs tableaux et eut l'impression de la sécheresse et de l'inutilité d'un art si factice, et qui ne valait pas les courants d'air et de soleil d'un palazzo de Venise, ou d'une simple maison au bord de la mer. Enfin il fut devant le Ver Meer, qu'il se rappelait plus éclatant, plus différent de tout ce qu'il connaissait, mais où, grâce à l'article du critique, il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière du tout petit pan de mur jaune. Ses étourdissements augmentaient ; il attachait son regard, comme un enfant à un papillon jaune qu'il veut saisir, au précieux petit pan de mur. « C'est ainsi que j'aurais dû écrire, disait-il. Mes derniers livres sont trop secs, il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce petit pan de mur jaune. » Cependant la gravité de ses étourdissements ne lui échappait pas. Dans une céleste balance lui apparaissait, chargeant l'un des plateaux, sa propre vie, tandis que l'autre contenait le petit pan de mur si bien peint en jaune. Il sentait qu'il avait imprudemment donné le premier pour le second. « Je ne voudrais pourtant pas, se disait-il, être pour les journaux du soir le fait divers de cette exposition. »
Il se répétait : « Petit pan de mur jaune avec un auvent, petit pan de mur jaune. » Cependant il s'abattit sur un canapé circulaire ; aussi brusquement il cessa de penser que sa vie était en jeu et, revenant à l'optimisme, se dit : « C'est une simple indigestion que m'ont donnée ces pommes de terre pas assez cuites, ce n'est rien. » Un nouveau coup l'abattit, il roula du canapé par terre, où accoururent tous les visiteurs et gardiens. Il était mort. Mort à jamais ? Qui peut le dire ? [...]
On l'enterra, mais toute la nuit funèbre, aux vitrines éclairées, ses livres, disposés trois par trois, veillaient comme des anges aux ailes éployées et semblaient, pour celui qui n'était plus, le symbole de sa résurrection.
Le plus beau tableau du monde / À livre ouvert | Les chroniques d'Alceste
Livre de Laurence Grenier Éditions du Palio Marcel Proust
https://www.leschroniquesdalceste.fr/a-livre-ouvert/le-plus-beau-tableau-du-monde-1
PROCHAINS RENDEZ-VOUS:
NOVEMBRE 2024
VENDREDI 8: 18 h péristyle Montpensier du Palais-Royal, Par cœur d'automne
MARDI 12: 18 h péristyle Montpensier du Palais-Royal. Par cœur truffé de textes grivois, devinettes, financiers-maison (celle de Jean-Pierre), suivi au Petit Flore de la représentation d'une de ses nouvelles adaptée par l'auteur Jean-Pierre Méric, et jouée par Ruth et Paul-Stopin, ainsi que l'auteur qui dédicacera son livre "Vaguement grivois"
LUNDI 18: commémoration de la mort de Marcel Proust; Fête de la Madeleine. avec une sélection de toutes sortes de madeleines "Madeleine Par coeur", "Madeleine Rose Palais-Royal", "Madeleine-Michel Damblant", "Madeleine-Leyla Guz"... Par cœur proustien péristyle Montpensier, puis au Petit Flore Dictée de Philippe Morel, enfin "Dînez avec Proust".
MERCREDI 27: Tous à Villers-Cotterêts, à la Cité Internationale de la Francophonie, emmenés par Aymeric, qui commandera la charge (nos récitations par cœur, un exemple pour toute la francophonie). 1ère sortie du PAR COEUR en tournée hors du Palais-Royal.