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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

Poissons d'avril et Le Printemps de Charles d'Orléans pour le PAR COEUR au PALAIS-ROYAL

Publié le 1 Avril 2024 par proust pour tous

Poissons d'avril: des enfants de Cabourg illustrent "l'aquarium" extrait d'"A l'ombre des jeunes filles en fleurs"

 

Et le soir ils ne dînaient pas à l'hôtel où, les sources électriques faisant sourdre à flots la lumière dans la grande salle à manger, celle-ci devenait comme un immense et merveilleux aquarium devant la paroi de verre duquel la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les familles de petits bourgeois, invisibles dans l'ombre, s'écrasaient au vitrage pour apercevoir, lentement balancée dans des remous d'or, la vie luxueuse de ces gens, aussi extraordinaire pour les pauvres que celle de poissons et de mollusques étranges (une grande question sociale, de savoir si la paroi de verre protégera toujours le festin des bêtes merveilleuses et si les gens obscurs qui regardent avidement dans la nuit ne viendront pas les cueillir dans leur aquarium et les manger). A l'ombre des jeunes filles en fleurs

Mais il n'y a pas que Proust qui évoque les poissons, symbole du mois d'avril au Palais-Royal, mais, dans mon cas, La Fontaine, une nouvelle épreuve pour ma mémoire ahanante, après Le Chameau et les bâtons flottants, Le Chêne et le Roseau, voici que je me lance :

LE HÉRON

   Un jour sur ses longs pieds allait je ne sais où
   Le Héron au long bec emmanché d’un long cou.
              Il côtoyait une rivière.
   L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours ;
   Ma commère la Carpe y faisait mille tours
              Avec le Brochet son compère.
   Le Héron en eût fait aisément son profit :
   Tous approchaient du bord, l’Oiseau n’avait qu’à prendre ;
              Mais il crut mieux faire d’attendre
              Qu’il eût un peu plus d’appétit.
   Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.
   Après quelques moments l’appétit vint ; l’Oiseau
              S’approchant du bord vit sur l’eau
   Des Tanches qui sortaient du fond de ces demeures.
   Le mets ne lui plut pas ; il s’attendait à mieux,
              Et montrait un goût dédaigneux
              Comme le Rat du bon Horace. 
   Moi des Tanches ? dit-il, moi Héron que je fasse
   Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ?
   La Tanche rebutée (2), il trouva du Goujon.
   Du Goujon ! c’est bien là le dîné d’un Héron !
   J’ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise !
   Il l’ouvrit pour bien moins : tout alla de façon
              Qu’il ne vit plus aucun Poisson.
   La faim le prit ; il fut tout heureux et tout aise
              De rencontrer un Limaçon.
              Ne soyons pas si difficiles :
   Les plus accommodants, ce sont les plus habiles :
   On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
            Gardez-vous de rien dédaigner ;
   Surtout quand vous avez à peu près votre compte.
   Bien des gens y sont pris ; ce n’est pas aux Hérons
   Que je parle ; écoutez, humains, un autre conte ;
   Vous verrez que chez vous j’ai puisé ces leçons.

Avril c'est aussi Le Printemps de Charles d'Orléans, que nous dirons en choeur (juste avant notre petit couplet diderotien): 

Le temps a laissé son manteau

De vent, de froidure et de pluie,

Et s'est vêtu de broderie,

De soleil luisant, clair et beau.

 

Il n'y a bête ni oiseau

Qu'en son jargon ne chante ou crie :

Le temps a laissé son manteau

De vent, de froidure et de pluie.

 

Rivière, fontaine et ruisseau

Portent en livrée jolie

Gouttes d'argent, d'orfèvrerie;

Chacun s'habille de nouveau:

Le temps a laissé son manteau.

 

 

 

Comme aurait presque dit Diderot en commençant Le neveu de Rameau

"Qu'il fasse beau, qu'il fasse laid, c'est mon habitude d'aller sur les SIX heures du soir me promener au Palais-Royal. C'est moi qu'on voit, jamais seul, récitant sous le péristyle Montpensier."

 

Prochains rendez-vous du PAR COEUR au PALAIS-ROYAL

à 18 h, péristyle Montpensier

le mardi 9 avril

le vendredi 12 avril

 

"Le Printemps" récité dans le parc de Sceaux, dans l'espoir d'inspirer toute la France: un texte par mois à réciter dans toutes les mairies (j'ai écrit à Rachida Dati pour qu'elle nous rejoigne péristyle Montpensier, en voisine de son bureau du Ministère de la Culture). Je n'ai pas encore de réponse

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