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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

FÊTE DE LA MADELEINE ANNIVERSAIRE (suite): en face de la Comédie Française, des alexandrins raciniens

Publié le 23 Octobre 2022 par proust pour tous

le chien de M. Galopin par Dürer

Le  vendredi 18 novembre prochain, programme éblouissant: 

17 h : sous le péristyle Montpensier au PALAIS ROYAL, des textes de Proust et bien d'autres PAR CŒUR 

18 h 30 : en face, à la librairie Delamain, le verre et le vers de l'amitié proustienne:

Les lauréats du Prix de la lecture de Proust à voix haute organisé par la société des amis de Marcel Proust viendront lire PROUST en ALEXANDRINS, dont les librettistes sont Philippe Morel et Sylvain Piffeteau (ils sévissent tous deux régulièrement dans le groupe facebook FANS de MARCEL PROUST). Dernière parution de Sylvain, ce matin, un bijou pour ceux qui aiment les chiens, les asperges, et le comique de Proust:

Proust écrit:

 

"— Ce sera le chien de Mme Sazerat, disait Françoise, sans grande conviction, mais dans un but d’apaisement et pour que ma tante ne se « fende pas la tête ».
— Comme si je ne connaissais pas le chien de Mme Sazerat ! répondait ma tante dont l’esprit critique n’admettait pas si facilement un fait.
— Ah ! ce sera le nouveau chien que M. Galopin a rapporté de Lisieux.
— Ah ! à moins de ça.
— Il paraît que c’est une bête bien affable, ajoutait Françoise qui tenait le renseignement de Théodore, spirituelle comme une personne, toujours de bonne humeur, toujours aimable, toujours quelque chose de gracieux. C’est rare qu’une bête qui n’a que cet âge-là soit déjà si galante. Madame Octave, il va falloir que je vous quitte, je n’ai pas le temps de m’amuser, voilà bientôt dix heures, mon fourneau n’est seulement pas éclairé, et j’ai encore à plumer mes asperges.
— Comment, Françoise, encore des asperges ! mais c’est une vraie maladie d’asperges que vous avez cette année, vous allez en fatiguer nos Parisiens !
— Mais non, madame Octave, ils aiment bien ça. Ils rentreront de l’église avec de l’appétit et vous verrez qu’ils ne les mangeront pas avec le dos de la cuiller.
— Mais à l’église, ils doivent y être déjà ; vous ferez bien de ne pas perdre de temps. Allez surveiller votre déjeuner."
 
Versifié  par Sylvain Piffeteau:
— Ce sera le chien de Mme Sazerat,
Disait Françoise avec un léger embarras,
Mais prompte à éviter toute nouvelle enquête
Qui ferait que ma tante s’y "fende la tête".
— Croyez-vous seulement qu’il me soit inconnu ?
Se défendait ma tante, toujours résolue
À n’accepter jamais, sans en douter d’abord,
Un fait invérifié, à en être d’accord[1].
— Ce sera donc celui de M. Galopin,
Un nouveau, pas l’ancien. — Ah ! mais, peut-être bien.
— Théodore m’a dit que la bête était belle,
Gracieuse, toujours aimable et spirituelle.
C’est rare qu’une bête aussi jeune soit bonne.
Madame, il va falloir que je vous abandonne,
Dix heures vont sonner et nous nous amusons
Alors que j’ai à faire en toute la maison
Et que je n’ai toujours pas plumé mes asperges.
— Mais votre maladie d’asperges nous submerge,
Françoise ! Vous allez fâcher nos Parisiens !
— Mais non, Madame Octave, ils les apprécient bien.
En sortant de l’église, ils auront l’appétit
Et les dévoreront, je vous le garantis.
— Mais vous avez vu l’heure, ils ne vont pas tarder.
Et votre déjeuner ? Cessons de bavarder.
[1]Pronominalisation reconnue par le Grand Robert.
 
 
EN ATTENDANT CETTE BELLE SOIRÉE....
 

 

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