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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

PROUST À L'ÉCOLE, le cours complet de Laurent Angard, plus quelques photos

Publié le 3 Juin 2022 par proust pour tous

 

C'est ce petit livre bleu qui a servi de base, pendant 8 séances, à Laurent Angard pour enseigner le français et la littérature à ses élèves de 3ème. IL PARLERA DE SON EXPÉRIENCE sur FRANCE CULTURE, lundi 6 juin à 21 h , avec la journaliste Louise Tourret, dans son émission Etre et Savoir.

Voici un tas de souvenirs de cette expérience très enthousiasmante pour ceux qui voudraient faire connaitre Proust au plus grand nombre (et en pj le texte complet du cours de Laurent)

Luc Fraisse, professeur à l'université de Strasbourg, s'adresse aux élèves de 3ème du collège Lamartine

 

Luc Fraisse fait la une de tous les journaux défenseurs de littérature et de son meilleur représentant, Marcel Proust, en particulier pour la publication de nouvelles inédites chez Bernard de Fallois. Mais il n'oublie pas sa mission première, la transmission, et s'adresse à la future génération de lecteurs: les élèves de 3ème de Laurent Angard, professeur de lettres au collège Lamartine, à Bischheim (banlieue de Stasbourg).

C'est là que je vais passer 3 jours dans plusieurs classes, avec les professeurs de lettres de l'établissement. J'avoue que, alors que je n'ai jamais eu le trac devant un public d'âge disons presque canonique, me présenter devant des jeunes de 15 ans constitue un défi de  taille: les convaincre de la valeur immense de la littérature. Heureusement Laurent Angard sera avec moi...

 

Voici ce que Laurent écrit:

Laurent Angard Retour sur une belle journée ! Alors que la journée avait commencé difficilement avec une classe peu réveillée (des 6e), elle s’est terminée à 16h30 avec mes 3e et Proust. Première séance découverte - je leur ai montré tout d'abord À la recherche du temps Perdu dans la fameuse édition Quarto (2800 pages). Premier choc pour les élèves : « vous avez lu tout ça, Monsieur ? ». Oui, évidemment, mais à ma manière. Pensant que l’on allait plonger dans les préfaces, ils m’ont demandé comment j’avais pu lire tout cela...! Je leur ai donc dit que Proust pouvait se lire à différents moments de notre vie, car celle-ci est formée de strates et de temps qui avance. La discussion a tourné autour de ces moments de lecture. Cette discussion, qui n’était pas prévue dans le déroulé de la séance, m’a finalement permis d’aborder tous les thèmes que l’on avait choisis avec Laurence ! La nourriture, le temps, les émotions, la littérature, les souvenirs ...Je dois le dire ici : ils étaient très attentifs, vraiment ! Alors même que l’heure précédente avait été remuante avec un collègue. Après ce début curieux, nous nous sommes plongés dans la préface de Luc Fraisse... elle est exigeante car historique, et je devais m’arrêter souvent pour expliquer certains mots... comme « réclusion ». Je donne la parole à un élève qui connaît ce mot (Aymen), et demande aux autres ce que ce mot pouvait impliquer dans la vie de Proust....Et là, moment de grâce ! M.. me dit : « mais monsieur, cette réclusion lui permet d’être face à lui même pour écrire ... ». Ça paraît évident, mais pour un élève de 13 ans, je me dis que Proust à l’école, c’est le bon moment pour les faire réfléchir ! De là, la lecture a repris et sur un autre mot (postérité), H. me dit : « c’est comme ça qu’il a laissé sa trace sur terre » ! Deuxième moment de grâce jubilatoire...Tout cela ne nous a pas permis de finir la lecture de la première préface, mais quelle émotion quand j’ai entendu H. (élève en très grandes difficultés scolaires ) me dire en catimini : monsieur, je n’ai pas vu l’heure passer ....

PROUST à l' ECOLE, c'était pour les 3èmes dans le collège Lamartine de Bishheim, et les retombées s'accumulent en particulier le témoignage de 2 mères de famille parlant à peine le français, l'une confiant à Laurent Angard, le professeur, que sa fille avait renoué le dialogue perdu avec elle et son mari, autour du thé et la madeleine de Proust, et l'autre jeune fille, qui, durant les repas familiaux, "n'arrête pas de parler de Proust"! Ce qui m'a particulièrement touchée, savoir que j'ai une âme soeur élève de 3ème dans un collège REP (Réseau d'Education Prioritaire) qui tanne toute sa famille avec Proust....

Mais dans ce collège sorti d'un conte de Noël proustien, les 5èmes ont voulu faire partie de la fête: sous la direction de leur professeur Mme Boujnan, une exposition de leurs illustrations se prépare pour vendredi, vous verrez des photos.

 

 

 

PROUST À L'ÉCOLE, EN ALSACE: le professeur Luc Fraisse donne ses impressions, et c'est émouvant !

Publié le 18 Novembre 2019 par proust pour tous in Proust à l'école

 

En entrant pour la première fois au collège Lamartine, j'ai été frappé par l'agrément des installations, et aussi par la culture du respect mutuel dont les exigences sont rappelées partout, dans les couloirs comme en classe. J'ai aussi été frappé par l'engagement que M. Baillet et son équipe accordaient au projet d'enseignement consistant à faire découvrir Proust et son oeuvre à des élèves à l'occasion du centième anniversaire du prix Goncourt décerné à Marcel Proust pour A l'ombre des jeunes filles en fleurs.
Ayant cessé depuis très longtemps de suivre des classes dans l'enseignement secondaire, et notamment au collège, j'avais le grand souci de savoir me mettre à la portée des trois classes de Troisième qui avaient été réunies. J'ai donc tâché de parler le plus clairement possible, sans sacrifier ce qu'il y avait à dire sur Proust. J'ai ensuite été soulagé d'entendre M. Baillet, qui a eu la gentillesse d'assister à tout, me dire que mes propos étaient tout à fait compréhensibles pour les élèves. De fait, j'ai bénéficié d'une écoute attentive, même quand la sonnerie a retenti!
Les questions des élèves étaient très intéressantes. Profondes aussi: Proust a-t-il eu conscience qu'il avait écrit un chef-d'oeuvre? Comme j'ai été à un moment donné amené à souligner que j'avais largement dépassé l'âge auquel Proust était mort (j'ai la santé, il avait le génie...), un élève devant lui-même lutter contre le handicap m'a posé cette question profonde comme une lame de fond: Auriez-vous accepté de vivre moins longtemps si cela vous avait permis d'écrire une oeuvre de génie? C'est une question bouleversante de profondeur.
Je suis donc revenu au collège pour assister à une séquence, très touché de l'effort coordonné des professeurs de français, qui ont accueilli dans leurs classes Laurence Grenier, l'auteur de l'excellent livre destiné cette année aux collégiens, Du côté de chez Proust. Je suis bien sûr allé dans la classe de mon ancien étudiant, M. Laurent Angard, et j'ai découvert combien il a le métier d'enseigner dans le sang. Tout dans la séance semble naturel et facile, mais quelle aisance il faut avoir acquise pour ne jamais laisser l'attention des élèves se relâcher, pour varier plusieurs fois d'activité sans disperser les efforts, pour entretenir une conversation perpétuelle et naturelle avec les élèves sans provoquer du bavardage (un vrai mystère d'arriver à cela!), reprendre des erreurs sans blesser, faire parler et mettre en valeur ceux qui resteraient en retrait. Et tout cela en même temps.
J'ai été touché de voir comment au collège, on peut, non pas disséquer Proust comme on le fera à l'université (je le dis sans valeur péjorative, car c'est passionnant, et c'est alors le moment de le faire), mais revivre une page de Proust au collège, tâcher de la comprendre par empathie.
Sans doute suis-je préparé à remarquer tout cela parce que je vis en permanence dans l'idée que tous les niveaux d'enseignement sont en synergie, comme un organisme vivant qu'ils forment de fait. C'est pourquoi ce qui se fait au collège, au lycée, en classes préparatoires, m'importe beaucoup. C'est pourquoi je reste, chaque fois que c'est possible, en rapport avec mes étudiants, comme c'est le cas pour Laurent Angard, afin de les écouter parler de leurs classes, des programmes, de leur expérience, de ce qui leur porte souci, de ce qui réussit bien.
J'étais donc curieux de comprendre l'enseignement au collège aujourd'hui. Et que cela se fasse à propos de Proust, je ne pouvais pas demander mieux!
 
Et enfin, pas de Proust sans madeleines:
PROUST À L'ÉCOLE: Découverte de la madeleine de Proust en classe de 3ème B au collège Lamartine de Bischheim

Publié le 21 Novembre 2019 par proust pour tous in Proust à l'école, Actualités proustiennes- Proust news

Une évocation par Yoan

 

 

La séance de découverte sur la madeleine de Proust s’est terminée par une dégustation de ce petit gâteau et d’une tasse de thé au tilleul. Belles et bien dodues, les madeleines ont été un ravissement pour les papilles des élèves de la 3eB de la classe de Laurent Angard, professeur de Lettres au collège Lamartine de Bischheim qui a récemment accueilli avec plaisir le professeur Luc Fraisse et Laurence Grenier, l’auteure du « petit livre bleu », Du côté de chez Proust.

 

 

C’est le thé au tilleul, pas tout à fait le même que celui de Marcel dans A la recherche du temps, mais un très similaire qui a surpris les élèves par son goût… « Terreux », « floral », « étrange » sont les qualificatifs employés par les jeunes pour décrire la saveur olfactive.

 

Dans un cérémonial tout résonnant du texte de Marcel Proust, et une fois que tous les élèves ont été servis, « le trempage » a eu lieu…

 

Les élèves ont enfin goûté le mélange du gâteau et du thé : « Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. »

 

Une madeleine, un thé…un moment de calme, en cours de français, entre 15h30 et 16h30, ce lundi 18 novembre 2019, si particulier… Au moment où l’on goûte, on se souvient alors que c’est un certain 18 novembre 1922 (il y a donc 97 ans…) qu’est mort l’un des plus grands écrivains français.

 

Zakaria et Lucia, 3eB

 

 

Les élèves ont écrit juste après, dans un moment de communion, ce qu’ils ressentaient (je livre les textes sans retouches, bruts, avec leurs qualités et leurs défauts…)

 

 

Adam, 3eB

 

Michel, 3eB**

 

 

Lorin, 3eB

 

 

Helin, 3eB

 

(au passage, Helin, Merci !)

 

Eylem, 3eB

 

 

Hind, 3eB

 

Certains ont ressenti le besoin de s’exprimer par un autre art, plus proche, sans doute d’eux, comme Yoan qui a dessiné le moment où Marcel, lui-même, a dégusté sa madeleine

 

Yoan, 3eB

 

 

 

Aliou, 3eB, arrivé très récemment en France, a voulu écrire son expérience (allophone). Il l’a exprimée en anglais.

 

 

Laurent Angard prend la pose dans sa classe

 

8 séances de cours à une classe de 3ème, par Laurent Angard, autour du petit livre bleu

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