PETIT PAN DE MUR JAUNE
Zoé, gardienne de musée
Père parisien dentiste qui a fait son service militaire à l’hôpital de Point-à-Pitre. Il rencontre une Antillaise.
Naissance de Zoé (= le narrateur dans la Recherche), au mois d’août (signe du lion) à la clinique Beau-Soleil, 1ère de 3 enfants
La famille déménage dans la banlieue parisienne quand Zoé a 10 ans. Le père a son cabinet à Paris ; sur sa table de chevet, Proust et Saint Simon. Il adore le français du 17ème siècle avec ses « inversions » et récite souvent La Fontaine, Molière, Corneille ou Racine… La mère reste au foyer, elle admire son mari, raconte beaucoup de récits familiaux, ou des contes de son pays (= la grand-mère dans la Recherche).
Zoé poursuit une licence d’histoire de l’art, dans le but de devenir un jour conservateur de musée. Elle rencontre alors un brillant étudiant qui est plus avancé qu’elle dans les études. Il l’engrosse très vite, tandis que Zoé laisse tomber ses études après avoir donné naissance à un 2ème enfant, et aide son mari à faire une étude sur la réaction du public devant la peinture (1ère rencontre avec Petit Pan de Mur Jaune). Etude qui restera inachevée, tandis que le mari s’envole pour une mission à long terme au Boston museum of fine arts. Alors que Zoé doit le retrouver, il lui annonce qu’il a une nouvelle amie américaine et qu’il veut rester aux US et divorcer.
Galère avec ses enfants, le temps passe tandis que Zoé, devenue documentaliste au musée des Arts décoratifs a du mal à joindre les deux bouts, la pension alimentaire ne lui parvenant qu’irrégulièrement. Elle a tout de même une vie sociale et en particulier à Meaux, où elle voit ses cousins antillais. Vie amoureuse décousue, elle n’est pas libre mentalement.
Elle va souvent rendre visite à ses parents, son père l’exorte à lire Proust, tandis qu’elle poursuit pour son plaisir son enquête sur l’effet de la peinture sur les spectateurs. Elle-même est fascinée par la couleur jaune, et la représentation de la lumière ainsi que du bleu de la mer : un souvenir de sa petite enfance ? En particulier le récit d’une vieille dame qui lui raconte : « quand, jeune professeur en Bretagne, sous la pluie, alors qu’elle est très isolée et malheureuse, elle se rend pour casser son ennui à un vernissage et y remarque un paysage ensoleillé qui la frappe. Vingt ans plus tard, alors qu’elle vient de se marier avec l’amour de sa vie, qu’elle emmène dans sa petite maison qui domine Grasse, elle s’approche et voit le paysage du tableau. » Mais devant tous les tableaux qu’elle a l’occasion de voir, Zoé sent que son plaisir n’est que superficiel, elle regrette de ne pas être touchée comme certains de ses interviewés.
Dans le film : La voici alors qu’elle a entre 45 et 50 ans. Elle vit toujours avec l’un de ses enfants, qui est devenu psychotique, et fait des séjours intermittents à Sainte Anne : il y passe 5 semaines, en ressort intelligent et normal, refuse de prendre ses médicaments. Il fait scandale (il crie dans la rue etc) on le réhospitalise etc : il a une obsession, c’est Dostoîevsky et se prend pour un Russe. Zoé a enfin entamé Proust et a un syndrome de Stendhal : ce qu’elle cherchait dans la peinture (une espèce de révélation sensorielle que donnerait une unité, un sens à l’univers) elle l’a trouvé dans la littérature, mais elle se demande d’où lui vient ce sanglot qui lui monte à la gorge toutes les 150 pages de la Recherche. Discussions houleuses avec son père qui pense qu’elle va beaucoup trop loin dans sa passion. Elle entame une enquête, elle veut savoir si d’autres proustiens ont ressenti ce syndrome. On commence à l’appeler partout Mme Proust.
Exposition à Paris de tableaux hollandais, dont la vue de Delft. Elle se sert de ses relations pour être prise comme gardienne le temps de l’exposition, en prenant un congé sans solde. Elle a l’idée d’écouter ce qui se dira devant le tableau, et Petit Pan. Elle en discute avec son collègue gardien comme elle.
Donald, un des cousins (du côté de sa mère), de Meaux, lui parle d’un copain, Gilles peintre dont l’obsession est la représentation de la lumière (= Elstir, le peintre de la recherche), amateur de Proust iconoclaste. Ils se retrouvent tous les 3 dans l’atelier du merle, où Gilles finit de sculpter un buste de Proust. Gilles propose à Zoé de l’accompagner au Café de la Mairie, un repaire de proustiens.
Au café de la Mairie Zoé découvre une petite troupe d’amateurs qui jouent des extraits de la Recherche avec les dialogues les plus drôles dans le roman. Parfois ils se disputent pour avoir à lire les meilleurs rôles.
Au café de la mairie, on rencontre l’équivalent du Dr Cottard (calembours), Brichot (fou d’étymologie devenu spécialiste de Proust donneur de leçons), une animatrice (inspirée de mon rôle au cours des années) qui ressemble beaucoup à Mme Verdurin. Un membre de Bal de Versailles, grosse organisation de reconstitution costumée, qui ne peut venir qu’en été car l’hiver elle grossit et ne peut rentrer dans ses costumes. Discussions de coupages de cheveux en 4 par les « généticiens du texte » qui prennent ces amateurs non diplômés de haut. Commérages sur les coups bas que certains profs de la Sorbonne se donnent. Toujours le même serveur, Manuel, qui apporte le bœuf en gelée traditionnel. Pour la fête de la madeleine, tous les ans la petite troupe porte des moustaches postiches, la gaieté est à son comble (et l’un des membres de la troupe, qui d’habitude a l’air très féminine arrive en garçonne, tout le monde comprend qu’elle est lesbienne (= Albertine dans la Recherche) … Un jeune homme nouveau fidèle des « Dînez avec Proust », obsédé par le jaune du tableau de Vermeer propose à la troupe d’aller tous ensemble voir le PETIT PAN.
Au musée, défilé de spectateurs, dont la petite troupe de proustiens.
Au café de la mairie, Zoé propose une autre pièce, car cette année est celle du 100ème anniversaire de la mort de Proust, à base de ce qu’elle entend devant le tableau de Vermeer. Son projet plait beaucoup. On évoque aussi Balzac, et son « chef-d’œuvre inconnu ».
Au musée, le jeune homme est retourné tout seul, il retrouve par hasard une ancienne amie obsédée par le bleu de Delft : ils se rendent compte que le bleu et le jaune ne peuvent aller l’un sans l’autre.
Parmi les personnages essentiels, Gilles et tout ce qui se passe dans son atelier (par exemple l’artiste italienne qui l’aide à peindre son buste lui fait un énorme gâteau avec la tête de Proust). Les cousins de Meaux envisagent une exposition de toutes les photos que Donald a prises de petits pans de murs jaunes de toutes sortes, avec un ballet où les danseurs portent tous des pantalons jaunes (très élégants = Charlus de la Recherche). Un autre cousin de Meaux, vidéaste, fera un trottoir avec Gilles interrogeant les passants sur le sujet. Une reproduction de la vue de Delft trône et tous ceux qui lui rendent visite sont photographiés devant.
Au bout de son enquête Zoé trouve à son syndrome de Stendahl récurrent une cause stylistique dans Proust qui la rapproche de l’amour de son père pour une autre forme de style (l’inversion) ; il vient de mourir en citant Phèdre « Soleil, je te viens voir pour la dernière fois ! ». Dialogue très drôle avec un grammairien anti-proustien, anti-phrase longue. Chemin faisant elle a découvert son lien très fort avec la lumière (qui éblouit Bergotte et le fait mourir ?), et découvre qu’elle aussi a une âme d’artiste et que ce n’est pas le jaune dans la peinture qui lui fait « multiplier sa vie » mais les mots et la façon dont ils sont agencés : Zoé devient comédienne ( = la comédienne Rachel dans la Recherche) et finit par saluer sur scène, devant le PETIT PAN DE MUR JAUNE. Autres dénouements : le jaune épouse le bleu. Le fils de Zoé accepte de prendre ses médicaments, il finit son roman.
Tout ceci raconté en comédie, ponctué de citations de Proust en particulier sur l’art et le rôle des artistes, et de courtes scènes avec le public qui défile devant le tableau. Et tout un tas de correspondances entre l’intrigue et les personnages du film et de la Recherche, que les proustiens du monde entier repèreront immédiatement.