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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

Avant les séances Zoom HISTOIRES ET MADELEINES, relire PROUST À L'ÉCOLE (5) un cours de Laurent Angard

Publié le 1 Novembre 2020 par proust pour tous in Proust à l'école

Laurence Grenier vous invite à une réunion Zoom planifiée aujourd'hui à 16 h 

Sujet : Histoires et Madeleines: le baiser maternel, les livres de notre petite enfance
Heure : 1 nov. 2020 04:00 PM Paris

Participer à la réunion Zoom
https://us05web.zoom.us/j/81230748417?pwd=Mk5sNjVJNFcxU1loaEk1K3VxcU85dz09

ID de réunion : 812 3074 8417
Code secret : QR3Qea

 

Le sujet a été enseigné par Laurent Angard, en classe de 3ème. Il avait choisi un texte de julien Green pour faire écho au texte de Proust, je lirai un extrait de Mémoires d'outre-tombe, de Chateaubriaand, un autre écho.

http://proustpourtous.over-blog.com/2019/10/proust-a-l-ecole-5-a-la-decouverte-de-l-univers-proustien-suite-de-la-seance-3.html
 

Lecture en écho : Julien Green Jeunes années, Autobiographie I, 1984

 

Cette chambre était pour moi un petit royaume où je pouvais me divertir à me raconter des histoires. On ne m’y dérangeait pas. Le soir, je montais, une lampe au poing, après avoir embrassé tout le monde. « Ne lis pas trop tard. » me disait Maman d’une voix absente. Elle jouait, en effet, au trictrac avec mon père, et ses pensées étaient ailleurs. Et puis, qu’est-ce que trop tard voulait dire ? Je posais ma lampe sur la table au chevet de mon lit, me déshabillais, et me glissant sous mes couvertures après avoir fait mes prières, j’ouvrais un des volumes dont je raffolais. Ils étaient au nombre de trois : Les Misérables (nombreuses obscurités), Notre-Dame de Paris (même remarque, mais je lisais comme un ivrogne boit du cognac), enfin une édition illustrée des Mystères de Paris, que m’avait prêtée Sidonie. Ce dernier livre me comblait de plaisir. Je me souviens que j’en avalais ma salive aux moments les plus insupportablement dramatiques et que les illustrations me faisaient ouvrir des yeux énormes. Il y en avait une où l’on voyait une petite fille regardant avec horreur un pied humain qui sortait de terre. Un effroi délicieux me faisait jeter un vaste coup d’œil circulaire autour de moi, mais tout était si paisible dans cette chambre de campagne ; la grande armoire où Maman serrait le linge de la maison, la petite table à laquelle j’écrivais, une autre table avec la cuvette, ce décor me rassurait. Je continuais ma lecture. Le Maître d’école épouvantable, le Chourineur, la Chouette, les tapis-francs des Champs-Elysées, la Princesse Sarah, le Prince Rodolphe, Fleur-de-Marie, les supplices (je relisais plusieurs fois ces passages, de peur d’en perdre un seul mot), les vengeances… Tout à coup on frappait à ma porte, et le livre me sautait des mains. « Qu’est-ce que tu fais ? demandait la voix de Mary. Veux-tu éteindre immédiatement, il est dix heures et demie !» Je soufflais ma lampe et ramenait le drap par-dessus mon oreille à cause des fantômes qui pouvaient rôder autour de mon lit, mais j’avais à peine le temps d’avoir peur. Moins d’une minute plus tard, je dormais.

 

Travail d’écriture : « Je suis perdu ! » : imaginez le dialogue entre le père et le jeune Marcel. Vous insisterez sur l’expression des sentiments et sur la réaction du père, qu’elle soit positive ou négative.

 

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