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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

L'art de la conversation d'après Proust: épisode 14. Comment éviter les maladresses: être attentif, observer

Publié le 2 Février 2019 par proust pour tous

Homme regardant sa montre, avec parapluie, dessin de Van Gogh (musée Krôller-Mûller, Pays-Bas)

 

13-    Les maladresses de Bloch lui ferment des portes
 (Comment éviter les maladresses : être attentif, observer)

 

Mais Bloch avait déplu à mes parents pour d’autres raisons. Il avait commencé par agacer mon père qui, le voyant mouillé, lui avait dit avec intérêt:

—«Mais, monsieur Bloch, quel temps fait-il donc, est-ce qu’il a plu? Je n’y comprends rien, le baromètre était excellent.»

Il n’en avait tiré que cette réponse:

—«Monsieur, je ne puis absolument vous dire s’il a plu. Je vis si résolument en dehors des contingences physiques que mes sens ne prennent pas la peine de me les notifier.»

—«Mais, mon pauvre fils, il est idiot ton ami, m’avait dit mon père quand Bloch fut parti. Comment! il ne peut même pas me dire le temps qu’il fait! Mais il n’y a rien de plus intéressant! C’est un imbécile.

...Et enfin il avait mécontenté tout le monde parce que, étant venu déjeuner une heure et demie en retard et couvert de boue, au lieu de s’excuser, il avait dit:

—«Je ne me laisse jamais influencer par les perturbations de l’atmosphère ni par les divisions conventionnelles du temps. Je réhabiliterais volontiers l’usage de la pipe d’opium et du kriss malais, mais j’ignore celui de ces instruments infiniment plus pernicieux et d’ailleurs platement bourgeois, la montre et le parapluie.» Du côté de chez Swann 

 

 

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