8. Dans le train : quand on ne sait pas qui on a devant soi (ne pas juger les gens sur l’apparence)
Nous nous hâtâmes pour gagner un wagon vide où je pusse embrasser Albertine tout le long du trajet. N’ayant rien trouvé nous montâmes dans un compartiment où était déjà installée une dame à figure énorme, laide et vieille, à l’expression masculine, très endimanchée, et qui lisait la Revue des Deux–Mondes. Malgré sa vulgarité, elle était prétentieuse dans ses goûts, et je m’amusai à me demander à quelle catégorie sociale elle pouvait appartenir; je conclus immédiatement que ce devait être quelque tenancière de grande maison de filles, une maquerelle en voyage. Sa figure, ses manières le criaient. J’avais ignoré seulement jusque-là que ces dames lussent la Revue des Deux–Mondes. Albertine me la montra, non sans cligner de l’oeil en me souriant. La dame avait l’air extrêmement digne; et comme, de mon côté, je portais en moi la conscience que j’étais invité pour le lendemain, au point terminus de la ligne du petit chemin de fer, chez la célèbre Mme Verdurin, qu’à une station intermédiaire j’étais attendu par Robert de Saint–Loup, et qu’un peu plus loin j’aurais fait grand plaisir à Mme de Cambremer en venant habiter Féterne, mes yeux pétillaient d’ironie en considérant cette dame importante qui semblait croire qu’à cause de sa mise recherchée, des plumes de son chapeau, de sa Revue des Deux–Mondes , elle était un personnage plus considérable que moi.
Sodome et Gomorrhe II, II
à venir:
En situation - créer le lien:
9. un sourire passe-partout
10. savoir prendre une attitude qui dissimule son ignorance (l'écoute se voit)
11. se servir d'un bouclier, même petit, de connaissances mais sans "la ramener".
12. certains en font trop: y faire attention