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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

Un mot du président de la DEFENSE DE LA PHRASE LONGUE

Publié le 14 Août 2018 par proust pour tous

La longue phrase proustienne

 

La phrase représente à elle seule un monde complet, un tout qui se suffit à lui-même : 

Combray de loin, à dix lieues à la ronde, vu du chemin de fer quand nous y arrivions la dernière semaine avant Pâques, ce n’était qu’une église résumant toute la ville, la représentant, parlant d’elle et pour elle aux lointains, et, quand on approchait, tenant serrés autour de sa haute mante sombre, en plein champ, contre le vent, comme une pastoure ses brebis, les dos laineux et gris des maisons rassemblées qu’un reste de remparts du moyen âge cernait çà et là d’un trait aussi parfaitement circulaire qu’une petite ville dans un tableau de primitif.

La phrase représente à elle seule une vérité  qu’il faut découvrir (une poignée de tisane):

Et chaque caractère nouveau n’y étant que la métamorphose d’un caractère ancien, dans de petites boules grises je reconnaissais les boutons verts qui ne sont pas venus à terme ; mais surtout l’éclat rose, lunaire et doux qui faisait se détacher les fleurs dans la forêt fragile des tiges où elles étaient suspendues comme de petites roses d’or – signe, comme la lueur qui révèle encore sur une muraille la place d’une fresque effacée, de la différence entre les parties de l’arbre qui avaient été "en couleurs" et celles qui ne l’avaient pas été – me montrait que ces pétales étaient bien ceux qui avant de fleurir le sac de pharmacie avaient embaumé les soirs de printemps.

La phrase finit par une surprise, comme le dénouement d’une petite pièce, en général une comédie (la princesse de Parme) :

Elle avait avec chacun cette charmante politesse qu’ont avec les inférieurs les gens bien élevés et à tout moment, pour se rendre utile, poussait sa chaise dans le but de laisser plus de place, tenait mes gants, m’offrait tous ces services, indignes des fières bourgeoises, et que rendent bien volontiers les souveraines, ou, instinctivement et par pli professionnel, les anciens domestiques.

Et pour aider ceux qui hésitent encore à aimer le style de Proust:

 -  Lisez les phrases à voix haute

-  Laissez-vous porter par le rythme de l’écriture,  comme si l’écrivain vous parlait

- Ne vous laissez pas obnubiler par la crainte de perdre le fil

-  Voyez la poésie qui imprègne le texte, comme dans la phrase la plus connue, l’incipit :

  Longtemps je me suis couché de bonne heure.

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