Touriste mexicain sur la promenade Marcel Proust à Cabourg, il enroule la phrase longue.
Du temps où je vivais en Amérique je me disais: il y a des imbéciles partout, mais la différence entre ici et la France, c'est qu'ici les Américains n'ont pas peur d'avouer qu'ils sont incultes et que dans ce grand pays il y a de la place pour tout le monde, les ignorants inclus. Alors qu'en France, on a honte d'avouer qu'on ne sait pas grand chose, on respecte la culture même si on ne la pratique pas.
J'ai bien peur que les choses aient changé: je n'ai pas été vérifier si les Américains ont honte d'être incultes quoique leur dernière élection présidentielle leur ait donné de quoi réfléchir au sujet, mais je constate qu'en France, les ignares relèvent la tête.
C'est ainsi que pendant le salon du livre de Cabourg, où je déroulais ma phrase longue en ruban, un bonhomme bien gras, bien mis, m'alpaga assez violemment: "Vous nous faites suer avec Proust, toujours lui, on en a marre!" ce à quoi je répliquai sans élever la voix (je l'avais d'ailleurs perdue sous l'effet d'un virus qui s'était lâchement attaqué à mes cordes vocales, dernier moyen trouvé par Jules pour me faire taire) "Vous n'êtes pas obligé de l'aimer mais reconnaissez que sa gloire universelle a rejailli su Cabourg ? Si je vous dis Stratford-upon-Avon, vous associez cette petite ville à Shakespeare, pour sa renommée, n'êtes vous pas fier qu'ici aussi la ville ait son grand écrivain ?" Et le grossier de me répondre: "Shakespeare je m'en tape aussi." (je n'en fus pas étonnée)
Heureusement des touristes étrangers étaient là pour montrer toute leur appréciation, tel ce jeune Mexicain qui venait prendre le thé au Grand Hôtel, avec des madeleines.
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