
Proustiens s'apprêtant à plonger dans la longue phrase
L'assemblée générale de la Société des Amis de Marcel Proust (SAMP) s'est tenue hier sous la houlette de son nouveau président, notre cher Jérôme Bastianelli, de qui émanait, comme à son habitude, un air de confiance débonnaire, de bienveillance résolue, ce qui donnait à la réunion une convivialité que je ne lui avais jamais vue, et qui me fit penser à mon film préféré "Le festin de Babette" car tous les membres présents, au lieu de se toiser ou de s'éviter se mirent à s'adresser la parole, certains même finirent la soirée devant un cocktail exotique et un boudin antillais à la Rhumerie bd Saint Germain.
Et parmi ceux qui arrosèrent l'amour de Proust, on put voir notre gazetier 1900 Aurélyen Aurélyen, ainsi q'un fidèle, érudit de la littérature classique, Philippe Morel (qui a trouvé vite et sans l'aide d'internet la pièce de Racine dont est extrait ce alexandrin: "Ni cet excès d'honneur ni cette indignité"). Et, comme au temps de sa jeunesse où il avait plus qu'un autre gallé, un passionné de poésie (en particulier celle de Robert Desnos et d'André Breton), Jean-Michel Tesseron habitué des "dînez avec Proust" qui m'a, par ses remarques sensibles montré un chemin dans la défense de la phrase longue, par le coeur et non la raison (cf son commentaire d'un blog précédent):
Défendre, non, plutôt promouvoir (la meilleure défense est l'attaque) la phrase longue, cela me plait. Belle initiative de Laurence. Dans La Recherche, la phrase longue ne me rebute pas, au contraire elle m'enchante. Dès le début de la phrase, je m'y glisse avec plaisir comme lorsque je me baigne dans la mer sur la plage dans le Finistère, le Bout du Monde. Au début, elle paraît fraiche, mais on s'y installe avec bonheur. Surtout, ne pas sortir de l'eau. Se laisser emporter par la phrase et son rythme, faire corps et esprit avec elle. Bientôt, hélas, la phrase arrive à son terme, et il va falloir sortir de l'eau, c'est le moment le plus difficile. Heureusement, une nouvelle vague arrive et chasse toute appréhension. Et c'est le temps retrouvé.