/image%2F0724681%2F20160220%2Fob_c06602_special-pink-roses.jpg)
En prévision du prochain "Dînez avec Proust", mercredi 24 février, je suis passée au Café de la Mairie, pour goûter les nouvelles madeleines du chef, qui devait s'inspirer de la recette que j'ai utilisée pour régaler tous ceux à qui j'apportais la bonne parole proustienne. Ces délicieuses madeleines avaient même servi à un "lancer de madeleines" au Parc de Sceaux (voir le lancer à 1 mn 32 dans la video), des madeleines increvables, sur qui l'on peut toujours compter pour plaire. Eh bien, le chef du Café de la Mairie a fait mieux, il a fait des madeleines aux fruits rouges, non seulement exquises, mais roses, la couleur du chic le plus proustien, une véritable "madeleine de Proust". "VIVE LA MADELEINE ROSE" elle ira si bien avec le fromage blanc de la même couleur qui sera servi pour l'accompagner. Il ne nous manquera que "la dame en rose", mais qui sait?
– Allons, voyons, il est l'heure que tu t'en ailles, me dit mon oncle.
Je me levai, j'avais une envie irrésistible de baiser la main de la dame en rose, mais il me semblait que c'eût été quelque chose d'audacieux comme un enlèvement. Mon coeur battait tandis que je me disais : « Faut-il le faire, faut-il ne pas le faire », puis je cessai de me demander ce qu'il fallait faire pour pouvoir faire quelque chose. Et d'un geste aveugle et insensé, dépouillé de toutes les raisons que je trouvais il y avait un moment en sa faveur, je portai à mes lèvres la main qu'elle me tendait.
– Comme il est gentil ! il est déjà galant, il a un petit oeil pour les femmes : il tient de son oncle. Ce sera un parfait gentleman, ajouta-t-elle en serrant les dents pour donner à la phrase un accent légèrement britannique. Est-ce qu'il ne pourrait pas venir une fois prendre a cup of tea, comme disent nos voisins les Anglais ; il n'aurait qu'à m'envoyer un « bleu » le matin.
Je ne savais pas ce que c'était qu'un « bleu ». Je ne comprenais pas la moitié des mots que disait la dame, mais la crainte que n'y fut cachée quelque question à laquelle il eût été impoli de ne pas répondre, m'empêchait de cesser de les écouter avec attention, et j'en éprouvais une grande fatigue.
– Mais non, c'est impossible, dit mon oncle, en haussant les épaules, il est très tenu, il travaille beaucoup. Il a tous les prix à son cours, ajouta-t-il, à voix basse pour que je n'entende pas ce mensonge et que je n'y contredise pas. Qui sait ? ce sera peut-être un petit Victor Hugo, une espèce de Vaulabelle, vous savez.
– J'adore les artistes, répondit la dame en rose, il n'y a qu'eux qui comprennent les femmes... Qu'eux et les êtres d'élite comme vous. Excusez mon ignorance, ami. Qui est Vaulabelle ? Est-ce les volumes dorés qu'il y a dans la petite bibliothèque vitrée de votre boudoir ? Vous savez que vous m'avez promis de me les prêter, j'en aurai grand soin. Du côté de chez Swann
In anticipation of the next "Dînez avec Proust", Wednesday February 24, I stopped by the Café de la Mairie, to taste the new madeleines-du-chef, a chef who was supposed to reproduce the recipe I have used to treat all those who had come, over the years, to hear the Proustian word. These delicious madeleines had even been thrown in the air "lancer de madeleines" au Parc de Sceaux (see the video at 1 mn 32), some relentless madeleines, always there when needed. Well, the Café de la Mairie chef has done better, red fruit madeleines, not only exquisite, but pink , the most chic proustian color, a true "madeleine de Proust". "LONG LIFE TO THE PINK MADELEINE". It will be a perfect side dish for the cream cheese of the same color. We will only miss " the lady in pink", but who knows?