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Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire à l'époque de Proust, un de nos missi dominici proustiens, Gérard Desanges (vice-président de la S.H.A. des 8ème et 17 ème arrondissements):
"Proust et la Grande Guerre dans sa vie, et dans la Recherche"
le vendredi 20/11/15 de 10H 15 à 10H 45 à la Médiathèque Françoise Sagan, 8 rue L. Schwartzenberg Paris 10ème (dans le cadre du 14ème Colloque d'Histoire Régionale organisé par la Fédération des Sociétés Historiques et Archéologiques de Paris et d'Ile de France. Ce colloque dure 2 jours, les 20 et 21/11.Titre général: "La vie culturelle en Ile de France pendant la Grande Guerre" Il débute le 20 à 9H30). Métro Gare de l'Est.
Un des premiers soirs dès mon nouveau retour à Paris en 1916, ayant envie d'entendre parler de la seule chose qui m'intéressait alors, la guerre, je sortis, après le dîner, pour aller voir Mme Verdurin, car elle était, avec Mme Bontemps, une des reines de ce Paris de la guerre qui faisait penser au Directoire. Comme par l'ensemencement d'une petite quantité de levure, en apparence de génération spontanée, des jeunes femmes allaient tout le jour coiffées de hauts turbans cylindriques comme aurait pu l'être une contemporaine de Mme Tallien. Par civisme, ayant des tuniques égyptiennes droites, sombres, très « guerre », sur des jupes très courtes, elles chaussaient des lanières rappelant le cothurne selon Talma, ou de hautes guêtres rappelant celles de nos chers combattants ; c'est, disaient-elles, parce qu'elles n'oubliaient pas qu'elles devaient réjouir les yeux de ces combattants qu'elles se paraient encore, non seulement de toilettes « floues », mais encore de bijoux évoquant les armées par leur thème décoratif, si même leur matière ne venait pas des armées, n'avait pas été travaillée aux armées ; au lieu d'ornements égyptiens rappelant la campagne d'Égypte, c'étaient des bagues ou des bracelets faits avec des fragments d'obus ou des ceintures de 75, des allume-cigarettes composés de deux sous anglais, auxquels un militaire était arrivé à donner, dans sa cagna, une patine si belle que le profil de la reine Victoria y avait l'air tracé par Pisanello ; c'est encore parce qu'elles y pensaient sans cesse, disaient-elles, qu'elles portaient à peine le deuil quand l'un des leurs tombait, sous le prétexte qu'il était « mêlé de fierté », ce qui permettait un bonnet de crêpe anglais blanc (du plus gracieux effet et autorisant tous les espoirs), dans l'invincible certitude du triomphe définitif, et permettait ainsi de remplacer le cachemire d'autrefois par le satin et la mousseline de soie, et même de garder ses perles, « tout en observant le tact et la correction qu'il est inutile de rappeler à des Françaises ».
Le Louvre, tous les musées étaient fermés, et quand on lisait en tête d'un article de journal : « Une exposition sensationnelle », on pouvait être sûr qu'il s'agissait d'une exposition non de tableaux, mais de robes, de robes destinées, d'ailleurs, à éveiller « ces délicates joies d'art dont les Parisiennes étaient depuis trop longtemps sevrées ». C'est ainsi que l'élégance et le plaisir avaient repris Le Temps retrouvé
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MERCREDI 18 novembre de PROUSTpourTOUS, café de la Mairie, 1er étage, place Saint Sulpice, comme d'habitude, à 18 h30.
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