Retombée de mon agréable quoique court voyage dans le train qui me conduisit, lors du dernier samedi des Aubépines, de Chartres à Illiers Combray, et où j'eus le plaisir de discuter avec un lettré patenté et cependant très aimable, le Pr Philippe Chardin, de l'université de Tours: une invitation à un genre de raout, façon Normale sup, le mardi 9 juin à 14h30 à l'École Normale Supérieure, 29 rue d'Ulm, dans la salle Paul Langevin, et que je me fais le plaisir de transmettre, pour la sortie du livre Cent ans de jalousie proustienne (Classiques Garnier, coll. "Bibliothèque proustienne", 2015), sous la direction d'Erika Fülöp et de Philippe Chardin. On parlera de choses sérieuses autour du "verre de l'amitié", dont j'espère que ce ne sera pas de la fraisette...
« Décidément, baron, dit Brichot, si jamais le Conseil des Facultés propose d'ouvrir une chaire d'homosexualité, je vous fais proposer en première ligne. Ou plutôt non, un institut de psycho-physiologie spéciale vous conviendrait mieux. Et je vous vois surtout pourvu d'une chaire au Collège de France, vous permettant de vous livrer à des études personnelles dont vous livreriez les résultats, comme fait le professeur de tamoul ou de sanscrit devant le très petit nombre de personnes que cela intéresse. Vous auriez deux auditeurs et l'appariteur, soit dit sans vouloir jeter le plus léger soupçon sur notre corps d'huissiers, que je crois insoupçonnable. – Vous n'en savez rien, répliqua le baron d'un ton dur et tranchant. D'ailleurs vous vous trompez en croyant que cela intéresse si peu de personnes. C'est tout le contraire. » Et sans se rendre compte de la contradiction qui existait entre la direction que prenait invariablement sa conversation et le reproche qu'il allait adresser aux autres : « C'est, au contraire, effrayant, dit-il à Brichot d'un air scandalisé et contrit, on ne parle plus que de cela. C'est une honte, mais c'est comme je vous le dis, mon cher ! Il paraît qu'avant-hier, chez la duchesse d'Agen, on n'a pas parlé d'autre chose pendant deux heures ; vous pensez, si maintenant les femmes se mettent à parler de ça, c'est un véritable scandale ! Ce qu'il y a de plus ignoble c'est qu'elles sont renseignées, ajouta-t-il avec un feu et une énergie extraordinaires, par des pestes, de vrais salauds, comme le petit Châtellerault, sur qui il y a plus à dire que sur personne, et qui leur racontent les histoires des autres. On m'a dit qu'il disait pis que pendre de moi, mais je n'en ai cure ; je pense que la boue et les saletés jetées par un individu qui a failli être renvoyé du Jockey pour avoir truqué un jeu de cartes ne peut retomber que sur lui. Je sais bien que, si j'étais Jane d'Agen, je respecterais assez mon salon pour qu'on n'y traite pas des sujets pareils et qu'on ne traîne pas chez moi mes propres parents dans la fange. Mais il n'y a plus de société, plus de règles, plus de convenances, pas plus pour la conversation que pour la toilette. Ah ! mon cher, c'est la fin du monde. Tout le monde est devenu si méchant. C'est à qui dira le plus de mal des autres. C'est une horreur ! » La prisonnière
Fallout of my pleasant but short trip in a train bringing me from Chartres to Illiers Combray, where I was entertained by a discussion with a certified man of letter, Pr Philippe Chardin, de l'université de Tours: an invitation to a kind of soirée, Normale sup style, on Tuesday June 9, at 2:30 pm, École Normale Supérieure, 29 rue d'Ulm, Paul Langevin room that I am glad to forward to my readers, for the book party of Cent ans de jalousie proustienne (Classiques Garnier, coll. "Bibliothèque proustienne", 2015), sous la direction d'Erika Fülöp et de Philippe Chardin. Serious matters should be on the block with a "friendship drink", hopefully not a strawberry juice, dear to Charlus.