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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

Le temps qui passe: suite; Time, next

Publié le 6 Janvier 2015 par proust pour tous

Le  temps qui passe: suite; Time, next

le cauchemar, de Füssli

Jules me dit: mais les rêves, ils semblent parfois très longs, quand ils n'ont duré qu'une fraction de seconde. C'est vrai, cette nuit j'ai rêvé qu'on m'avait volé mon sac, toute ma vie, pan par pan, interminablement, s'en était trouvée profondément bouleversée. Oui mais aujourd'hui je n'ai pas l'impression que cette aventure avait duré longtemps. Donc le rêve sert à beaucoup de choses, pas à donner le sentiment d'une vie plus longue.

et j'entrais dans le sommeil, lequel est comme un second appartement que nous aurions et où, délaissant le nôtre, nous serions allé dormir. Il a des sonneries à lui, et nous y sommes quelquefois violemment réveillés par un bruit de timbre, parfaitement entendu de nos oreilles, quand pourtant personne n'a sonné. Il a ses domestiques, ses visiteurs particuliers qui viennent nous chercher pour sortir, de sorte que nous sommes prêts à nous lever quand force nous est de constater, par notre presque immédiate transmigration dans l'autre appartement, celui de la veille, que la chambre est vide, que personne n'est venu. La race qui l'habite, comme celle des premiers humains, est androgyne. Un homme y apparaît au bout d'un instant sous l'aspect d'une femme. Les choses y ont une aptitude à devenir des hommes, les hommes des amis et des ennemis. Le temps qui s'écoule pour le dormeur, durant ces sommeils-là, est absolument différent du temps dans lequel s'accomplit la vie de l'homme réveillé. Tantôt son cours est beaucoup plus rapide, un quart d'heure semble une journée ; quelquefois beaucoup plus long, on croit n'avoir fait qu'un léger somme, on a dormi tout le jour. Alors, sur le char du sommeil, on descend dans des profondeurs où le souvenir ne peut plus le rejoindre et en deçà desquelles l'esprit a été obligé de rebrousser chemin. Sodome et Gomorrhe

Jules tells me: but dreams? sometimes they seem very long, even if they lasted for a fraction of a second. It's true, last night, I dreamt that my purse was stolen: all my life, bit by bit, endlessly, was crumbling. But the day after, I had lost the feeling of a long night... Therefore dreams are useful for many reasons, but not because they make you feel that life has been longer.

and I entered a state of slumber which is like a second room that we take, into which, leaving our own room, we go when we want to sleep. It has noises of its own and we are sometimes violently awakened by the sound of a bell, perfectly heard by our ears, although nobody has rung. It has its servants, its special visitors who call to take us out so that we are ready to get up when we are compelled to realise, by our almost immediate transmigration into the other room, the room of overnight, that it is empty, that nobody has called. The race that inhabits it is, like that of our first human ancestors, androgynous. A man in it appears a moment later in the form of a woman. Things in it shew a tendency to turn into men, men into friends and enemies. The time that elapses for the sleeper, during these spells of slumber, is absolutely different from the time in which the life of the waking man is passed. Sometimes its course is far more rapid, a quarter of an hour seems a day, at other times far longer, we think we have taken only a short nap, when we have slept through the day. Then, in the chariot of sleep, we descend into depths in which memory can no longer overtake it, and on the brink of which the mind has been obliged to retrace its steps. Cities of the Plain

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