Henri Girard, écrivain
J'ai déjeuné hier avec Henri, un auteur que j'aime énormément, et nous discutions de la qualité des livres du point de vue de leur présentation, typo, couverture, 4ème de couverture... qui à l'heure actuelle sont très au point quelle que soit la maison d'édition. Je lui soumis alors l'idée d'une collection qui s'appellerait: "le livre moche", qui consisterait en des textes magnifiques sur du papier minable, à la limite de la qualité des annuaires de téléphone dont, dans ma jeunesse et celle d'Henri (nous sommes nés la même année) on arrachait les pages pour achever une activité biologique au fond de la cour de ma tante Yvonne, juste avant de tirer la chasse.Et ce matin dans l'Obs, que lis-je? un article "acheter moche mais moins cher". ça me rappelle que quand une idée est dans l'air, elle frappe à bien des portes, de façon assez mystérieuse.
Il semble que certaines réalités transcendantes émettent autour d'elles des rayons auxquels la foule est sensible. C'est ainsi que, par exemple, quand un événement se produit, quand à la frontière une armée est en danger, ou battue, ou victorieuse, les nouvelles assez obscures qu'on reçoit et d'où l'homme cultivé ne sait pas tirer grand'chose excitent dans la foule une émotion qui le surprend et dans laquelle, une fois que les experts l'ont mis au courant de la véritable situation militaire, il reconnaît la perception par le peuple de cette « aura » qui entoure les grands événements et qui peut être visible à des centaines de kilomètres. On apprend la victoire, ou après-coup quand la guerre est finie, ou tout de suite par la joie du concierge. On découvre un trait génial du jeu de la Berma huit jours après l'avoir entendue, par la critique, ou sur le coup par les acclamations du parterre. A l'ombre des jeunes filles en fleurs
Yesterday I had lunch in a new American style restaurant, in Sceaux, with Henri, an author I like a lot, and as we were discussing the ubiquitous excellent quality of books in terms of presentation, cover... I suggested that we should start a collection called "an ugly book", made of splendid texts displayed on a very low quality paper, looking extremely cheap. And this morning, what a surprise, in a French newspaper on the web, un article "acheter moche mais moins cher". It reminded me that when an idea is in the air, it knocks at many doors, in a rather mysterious way.