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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

La cuisine du marché, un art français; Gastronomy, a French art

Publié le 24 Août 2014 par proust pour tous

La cuisine du marché, un art français; Gastronomy, a French art
Edouard Manet

En relisant le fichier que je vais utiliser pour l'impression de "Les douze dîners de Marcel Proust", je me suis particulièrement régalée de cette phrase longue dont Proust a le génie:

Car, au fond permanent d'oeufs, de côtelettes, de pommes de terre, de confitures, de biscuits, qu'elle ne nous annonçait même plus, Françoise ajoutait – selon les travaux des champs et des vergers, le fruit de la marée, les hasards du commerce, les politesses des voisins et son propre génie, et si bien que notre menu, comme ces quatre-feuilles qu'on sculptait au XIIIe siècle au portail des cathédrales, reflétait un peu le rythme des saisons et des épisodes de la vie – : une barbue parce que la marchande lui en avait garanti la fraîcheur, une dinde parce qu'elle en avait vu une belle au marché de Roussainville-le-Pin, des cardons à la moelle parce qu'elle ne nous en avait pas encore fait de cette manière-là, un gigot rôti parce que le grand air creuse et qu'il avait bien le temps de descendre d'ici sept heures, des épinards pour changer, des abricots parce que c'était encore une rareté, des groseilles parce que dans quinze jours il n'y en aurait plus, des framboises que M. Swann avait apportées exprès, des cerises, les premières qui vinssent du cerisier du jardin après deux ans qu'il n'en donnait plus, du fromage à la crème que j'aimais bien autrefois, un gâteau aux amandes parce qu'elle l'avait commandé la veille, une brioche parce que c'était notre tour de l'offrir. Du côté de chez Swann

As I was reading the texts I'lll use for printing "The Twelve Dinners of Marcel Proust", I enjoyed that long very proustian sentence, full of what France has to offer: a great deep sincere gastronomy.

For upon the permanent foundation of eggs, cutlets, potatoes, preserves, and biscuits, whose appearance on the table she no longer announced to us, Françoise would add — as the labour of fields and orchards, the harvest of the tides, the luck of the markets, the kindness of neighbours, and her own genius might provide; and so effectively that our bill of fare, like the quatrefoils that were carved on the porches of cathedrals in the thirteenth century, reflected to some extent the march of the seasons and the incidents of human life — a brill, because the fish-woman had guaranteed its freshness; a turkey, because she had seen a beauty in the market at Roussainville-le-Pin; cardoons with marrow, because she had never done them for us in that way before; a roast leg of mutton, because the fresh air made one hungry and there would be plenty of time for it to ‘settle down’ in the seven hours before dinner; spinach, by way of a change; apricots, because they were still hard to get; gooseberries, because in another fortnight there would be none left; raspberries, which M. Swann had brought specially; cherries, the first to come from the cherry-tree, which had yielded none for the last two years; a cream cheese, of which in those days I was extremely fond; an almond cake, because she had ordered one the evening before; a fancy loaf, because it was our turn to ‘offer’ the holy bread. Swann's Way
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