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Ce week-end je l'ai passé dans le cloître du lycée Henri IV, Paris 5ème, au salon des éditeurs indépendants. Un week-end court en soleil mais long en rencontres intéressantes (de plus j'étais avec Henri Girard, un écrivain que j'aime beaucoup). Une de ses rencontres s'est déroulée ainsi: un homme d'une cinquantaine d'années, voyant sur mon étal ma petite pancarte "Cherche proustiens", s'est précipité vers moi: - Ah, Proust, moi je ne l'aime pas ! sauf bien sûr,"La prisonnière", qui est le chef-d'oeuvre des chefs-d'oeuvre (tome V des 7 tomes de "A la recherche du temps perdu"). - Pourquoi cette animosité contre Proust? - Sa description de cette société d'avant-guerre, en particulier des aristocrates...- Je sais, beaucoup de gens sont rebutés par ces salons pleins de snobs bourgeois et nobles, et c'est une des raisons qui peut éloigner de la lecture du roman, l'antipathie vis-à-vis de tous ces gens! - Mais vous vous trompez, moi, ce que je reproche à Proust, ce n'est pas sa fascination pour ces gens, c'est d'avoir parlé des aristocrates avec dérision, et même mépris! - Vous l'avez mal lu: rien n'est jamais blanc ou noir....
En quittant le vestibule, j'avais dit à M. de Guermantes que j'avais un grand désir de voir ses Elstir. « Je suis à vos ordres, M. Elstir est-il donc de vos amis ? Je suis fort marri car je le connais un peu, c'est un homme aimable, ce que nos pères appelaient l'honnête homme, j'aurais pu lui demander de me faire la grâce de venir, et le prier à dîner. Il aurait certainement été très flatté de passer la soirée en votre compagnie. » Fort peu ancien régime quand il s'efforçait ainsi de l'être, le duc le redevenait ensuite sans le vouloir. M'ayant demandé si je désirais qu'il me montrât ces tableaux, il me conduisit, s'effaçant gracieusement devant chaque porte, s'excusant quand, pour me montrer le chemin, il était obligé de passer devant, petite scène qui (depuis le temps où Saint-Simon raconte qu'un ancêtre des Guermantes lui fit les honneurs de son hôtel avec les mêmes scrupules dans l'accomplissement des devoirs frivoles du gentilhomme) avait dû, avant de glisser jusqu'à nous, être jouée par bien d'autres Guermantes pour bien d'autres visiteurs. Et comme j'avais dit au duc que je serais bien aise d'être seul un moment devant les tableaux, il s'était retiré discrètement en me disant que je n'aurais qu'à venir le retrouver au salon. Le côté de Guermantes
I spent this week-end in a Paris highschool, splendid with its cloisters, at a publishers' small convention. The weather was uncertain but the people attending very interesting. Among the crowd, a man in his fifties, as he saw my sign "Looking for proustians", jumped on me to tell that he did not like Proust (except "The Captive") because of the description of the aristocrats of the end of 19th century. I thought he was uninterested in such a snobbish group: my mistake! he thought on the opposite that Proust was not elogious enough for this noble assembly...