L'escalier de la maison de tante Léonie à Illiers Combray
Ce matin alors que je cherche dans Du côté de chez Swann, à illustrer la punition, sujet d'un livre qui vient de sortir: Apologie de la punition, écrit par le "philosophe de la gentillesse" Emmanuel Jaffelin, rencontré à Sceaux et dont j'ai pu vite constater qu'il avait une qualité très rare pour un homme, il est "partageur", je tombe sur un article du New York Times, Is Atheism Irrational? où j'apprends qu'en Amérique les philosophes, à une énorme majorité, sont athées. Et, coïncidence qui ne m'a pas échappé, un des arguments employés pour démontrer qu'une explication matérialiste du monde ne suffit pas, est (franchement je ne trouve pas ça très clair, et je pense que si on aime Proust passionnément, c'est justement qu'on a le cerveau branché d'une certaine manière) ; "First, if materialism is true, human beings, naturally enough, are material objects. Now what, from this point of view, would a belief be? My belief that Marcel Proust is more subtle that Louis L’Amour, for example? Presumably this belief would have to be a material structure in my brain, say a collection of neurons that sends electrical impulses to other such structures as well as to nerves and muscles, and receives electrical impulses from other structures. But in addition to such neurophysiological properties, this structure, if it is a belief, would also have to have a content: It would have, say, to be the belief that Proust is more subtle than L’Amour.
Mais revenons à la punition, un sujet que le narrateur enfant connaît bien:
Je savais que le cas dans lequel je me mettais était de tous celui qui pouvait avoir pour moi, de la part de mes parents, les conséquences les plus graves, bien plus graves en vérité qu’un étranger n’aurait pu le supposer, de celles qu’il aurait cru que pouvaient produire seules des fautes vraiment honteuses. Mais dans l’éducation qu’on me donnait, l’ordre des fautes n’était pas le même que dans l’éducation des autres enfants et on m’avait habitué à placer avant toutes les autres (parce que sans doute il n’y en avait pas contre lesquelles j’eusse besoin d’être plus soigneusement gardé) celles dont je comprends maintenant que leur caractère commun est qu’on y tombe en cédant à une impulsion nerveuse. Mais alors on ne prononçait pas ce mot, on ne déclarait pas cette origine qui aurait pu me faire croire que j’étais excusable d’y succomber ou même peut-être incapable d’y résister. Mais je les reconnaissais bien à l’angoisse qui les précédait comme à la rigueur du châtiment qui les suivait; et je savais que celle que je venais de commettre était de la même famille que d’autres pour lesquelles j’avais été sévèrement puni, quoique infiniment plus grave. Quand j’irais me mettre sur le chemin de ma mère au moment où elle monterait se coucher, et qu’elle verrait que j’étais resté levé pour lui redire bonsoir dans le couloir, on ne me laisserait plus rester à la maison, on me mettrait au collège le lendemain, c’était certain. [...}
Mon père me refusait constamment des permissions qui m’avaient été consenties dans les pactes plus larges octroyés par ma mère et ma grand’mère parce qu’il ne se souciait pas des «principes» et qu’il n’y avait pas avec lui de «Droit des gens». Pour une raison toute contingente, ou même sans raison, il me supprimait au dernier moment telle promenade si habituelle, si consacrée, qu’on ne pouvait m’en priver sans parjure, ou bien, comme il avait encore fait ce soir, longtemps avant l’heure rituelle, il me disait: «Allons, monte te coucher, pas d’explication!» Mais aussi, parce qu’il n’avait pas de principes (dans le sens de ma grand’mère), il n’avait pas à proprement parler d’intransigeance. Il me regarda un instant d’un air étonné et fâché, puis dès que maman lui eut expliqué en quelques mots embarrassés ce qui était arrivé, il lui dit: «Mais va donc avec lui, puisque tu disais justement que tu n’as pas envie de dormir, reste un peu dans sa chambre, moi je n’ai besoin de rien.» «Mais, mon ami, répondit timidement ma mère, que j’aie envie ou non de dormir, ne change rien à la chose, on ne peut pas habituer cet enfant . . . » «Mais il ne s’agit pas d’habituer, dit mon père en haussant les épaules, tu vois bien que ce petit a du chagrin, il a l’air désolé, cet enfant; voyons, nous ne sommes pas des bourreaux! Quand tu l’auras rendu malade, tu seras bien avancée! Puisqu’il y a deux lits dans sa chambre, dis donc à Françoise de te préparer le grand lit et couche pour cette nuit auprès de lui. Allons, bonsoir, moi qui ne suis pas si nerveux que vous, je vais me coucher.» Du côté de chez Swann
This morning, as I try to illustrate by a Swann's Way excerpt, punition, a topic of a just published book written by the philosopher Emmanuel Jaffelin: Apologie de la punition, I discover an article in the New York Times, Is Atheism Irrational? in which I learn that in America philosophers, by a vast majority, are atheists. And I notice a coincidence in the argument to demonstrate that a materialist explanation of the world does not work (I don't really understand the point, but for me philosophy is a very cryptic matter); "First, if materialism is true, human beings, naturally enough, are material objects. Now what, from this point of view, would a belief be? My belief that Marcel Proust is more subtle that Louis L’Amour, for example? Presumably this belief would have to be a material structure in my brain, say a collection of neurons that sends electrical impulses to other such structures as well as to nerves and muscles, and receives electrical impulses from other structures. But in addition to such neurophysiological properties, this structure, if it is a belief, would also have to have a content: It would have, say, to be the belief that Proust is more subtle than L’Amour".
But back to punition, something the narrator as a child knows very well: