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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

Des mots mal compris

Publié le 22 Janvier 2014 par proust pour tous

Des mots mal compris

Hier à 15h30 rendez-vous avec Jean (un proustien qui a des documents concernant Proust et Loti à me montrer) dans un café en face de la Maison des Mines, rue Saint-Jacques.

1ère erreur: je ne prends pas son n° tél.

2 ème erreur: je ne connais pas sa figure

3 ème erreur: j'arrive à l'heure et après quelques minutes à l'entrée de la Maison, je m'installe au café juste en face. J'y passe 45 mn, heureusement j'avais un livre (Les belles endormies de Kawabata, je vous raconterai bientôt).

4ème erreur: Jean n'a pas mon n° de tél.

Rentrée chez moi, et après avoir envoyé un e-mail déçu à Jean, je trouve son n° de tél. Je peste contre la nouvelle présentation des mails, avec historique en cascade des différents échanges, et qui m'a fait omettre une étape cruciale où son numéro était clairement inscrit

J'appelle Jean, qui m'a attendue 45 mn à l'intérieur de la Maison des Mines où je n'avais pas eu l'idée d'entrer et constater qu'il y avait une cafétéria, et après ses explications, je relis en détail ses mails, dans l'un desquels se trouve cette phrase

"devant un café aux Mines", que j'avais lue " dans un café devant les Mines".

Nous voyons, nous entendons, nous concevons le monde tout de travers. Nous répétons un nom tel que nous l'avons entendu jusqu'à ce que l'expérience ait rectifié notre erreur, ce qui n'arrive pas toujours. Tout le monde à Combray parla pendant vingt-cinq ans à Françoise de Mme Sazerat et Françoise continua à dire Mme Sazerin, non par cette volontaire et orgueilleuse persévérance dans ses erreurs qui était habituelle chez elle, se renforçait de notre contradiction et était tout ce qu'elle avait ajouté chez elle à la France de Saint-André-des-Champs (des principes égalitaires de 1789 elle ne réclamait qu'un droit du citoyen, celui de ne pas prononcer comme nous et de maintenir qu'hôtel, été et air étaient du genre féminin), mais parce qu'en réalité elle continua toujours d'entendre Sazerin. Cette perpétuelle erreur, qui est précisément la "vie", ne donne pas ses mille formes seulement à l'univers viisible et à l'univers audible, mais à l'univers social, à l'univers sentimental, à l'univers historique, etc. Albertine disparue
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Z
Excellente annecdote, qui nous console en nous montrant combien nous sommes tous influencés par nos pensées.<br /> A méditer &quot;nos pensées ne sont pas des faits&quot;<br /> Et chère Françoise ! Un de mes personnages préférés de la Recherche. Elle est géniale !
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