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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

Celsius 233: Kawabata "Les belles endormies" "House of Sleeping Beauties"

Publié le 30 Janvier 2014 par proust pour tous

Gaëtan Brulotte, un écrivain que je trouve exceptionnel, enseigne (aux USA) et aime Proust, mais quand je lui ai demandé quel était son "grand livre", son livre qu'il défendrait si tous les livres étaient brûlés (Celsius 233) il m'a dit, sans hésiter: Les belles endormies de Yanusari Kawabata, pour la poésie qui l'imprégnait. A la lecture de ce petit livre, j'ai retrouvé le thème qui semble hanter tous les "grands romans" du XXème siècle: le temps qui passe, la mémoire...

"il était étrange que ces deux souvenirs se fussent présentés à son esprit en ce moment, car ils remontaient d'un passé déjà lointain. Il était incroyable que de pareils souvenirs enfouis en lui aient pu subitement provoquer l'impression que cette fille-ci sentait le lait. En fait, on parle de passé lointain, mais chez l'homme mémoire et réminiscences ne peuvent sans doute être qualifiées de proches ou lointaines en fonction uniquement de leur date ancienne ou récente. Il peut arriver que, mieux qu'un fait de la veille, un évènement de l'enfance, vieux de soixante années, soit conservé dans notre mémoire et resurgisse de la façon la plus nette et la plus vivante. Cela ne se produit-il pas plus précisément quand on vieillit?" Les Belles endormies, p.22, livre de poche, Albin Michel, 2007, Trad R. Sieffert

Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir. Du côté de chez Swann

Gaëtan Brulotte, an exceptional writer, teaches (at University of South Florida) and loves Proust, but when I asked him what was his "great book", the book he would learn by heart if all books were to be burnt (Celsius 233=Fahrenheit 451), he gave, without hesitation, that answer was House of Sleeping Beauties by Yanusari Kawabata, for its poetry. When I read that short book, I found the theme that seems to haunt all XXst century's "great novels" themes: time and memory...

But when from a long-distant past nothing subsists, after the people are dead, after the things are broken and scattered, still, alone, more fragile, but with more vitality, more unsubstantial, more persistent, more faithful, the smell and taste of things remain poised a long time, like souls, ready to remind us, waiting and hoping for their moment, amid the ruins of all the rest; and bear unfaltering, in the tiny and almost impalpable drop of their essence, the vast structure of recollection. Swann's Way
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