Je reviens à Joël, le pharmacien hospitalier qui avait Le Temps retrouvé sur sa table de nuit. Il connaissait également une histoire pharmaceutique concernant la stupide Mme de Varembon: je la citerai dans d'autres instances professionnelles. On a toujours besoin d'un autre proustien que soi !
« C'était une bonne dame qui disait des choses d'une bêtise inouïe », reprit en parlant de Mme de Varambon la duchesse qui, insensible à cette poésie de l'incompréhensible, qui est un effet du temps, dégageait en toute chose l'élément drôle, assimilable à la littérature genre Meilhac, à l'esprit des Guermantes. « À un moment, elle avait la manie d'avaler tout le temps des pastilles qu'on donnait dans ce temps-là contre la toux et qui s'appelaient – ajouta-t-elle en riant elle-même d'un nom si spécial, si connu autrefois, si inconnu aujourd'hui des gens à qui elle parlait – des pastilles Géraudel. « Madame de Varambon, lui disait ma belle-mère, en avalant tout le temps comme cela des pastilles Géraudel, vous vous ferez mal à l'estomac. » « Mais Madame la Duchesse, répondait Mme de Varambon, comment voulez-vous que cela fasse mal à l'estomac puisque cela va dans les bronches ? » Le Temps retrouvé
Back to Joel, the hospital pharmacist who is living with Time Regained on his bedside table: he also had a pharmaceutical story about the stupid Mme de Varambon. I shall tell it again when I speak to pharmacists: one always needs another Proustian!