Mon frère Fifi m'a prêté sa voiture surnommée playmobil, minuscule mais dans laquelle j'écoute avec plaisir des tubes de ma jeunesse, que j'essaie de reconnaître dès les premières mesures.
Le concert commença; je ne connaissais pas ce qu'on jouait; je me trouvais en pays inconnu. Où le situer? Dans l'oeuvre de quel auteur étais-je? J'aurais bien voulu le savoir et, n'ayant près de moi personne à qui le demander, aurais bien voulu être un personnage de ces Mille et Une Nuits que je relisais sans cesse et où dans les moments d'incertitude surgit soudain un génie ou une adolescente d'une ravissante beauté, invisible pour les autres, mais non pour le héros embarrassé, à qui elle révèle exactement ce qu'il désire savoir. Or à ce moment je fus précisément favorisé d'une telle apparition magique. Comme quand, dans un pays qu'on croit connaître et qu'en effet on a abordé par un côté nouveau, après avoir tourné un chemin, on se trouve tout d'un coup déboucher dans un autre dont les moindres coins vous sont familiers, mais seulement où on n'avait pas l'habitude d'arriver par là, on se dit tout d'un coup: "Mais c'est le petit chemin qui mène à la petite porte du jardin de mes amis***; je suis à deux minutes de chez eux"; et leur fille en effet est là qui est venue vous dire bonjour au passage; ainsi, tout d'un coup je me reconnus au milieu de cette musique nouvelle pour moi, en pleine sonate de Vinteuil; La Prisonnière
I have borrowed my brother Fifi' small car, a car that looks like a playmobil but in which I deliciously listen to old tunes that I try to identify at their first beat.