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  le blog proustpourtous

Les réflexions d'une proustienne sur sa vie, et en quoi elle lui rappelle dans des épisodes du quotidien des passages de "A la recherche du temps perdu"

Proust à table, how to prepare a good Thanksgiving dinner

Publié le 28 Novembre 2013 par proust pour tous

Proust à table, how to prepare a good Thanksgiving dinner

peinture de Pierre Gagnon

Au moment où des millions d'Américains se préparent au fameux repas de Thanksgiving, dont j'ai fait mes choux gras (ou plutôt mes patates douces) pendant toutes mes années aux USA, une pensée pour les "sales bêtes" sacrifiées pour le bonheur des "pilgrims" modernes:

Françoise, n’étant plus aidée, était en retard. Quand je fus en bas, elle était en train, dans l’arrière-cuisine qui donnait sur la basse-cour, de tuer un poulet qui, par sa résistance désespérée et bien naturelle, mais accompagnée par Françoise hors d’elle, tandis qu’elle cherchait à lui fendre le cou sous l’oreille, des cris de «sale bête! sale bête!», mettait la sainte douceur et l’onction de notre servante un peu moins en lumière qu’il n’eût fait, au dîner du lendemain, par sa peau brodée d’or comme une chasuble et son jus précieux égoutté d’un ciboire. Quand il fut mort, Françoise recueillit le sang qui coulait sans noyer sa rancune, eut encore un sursaut de colère, et regardant le cadavre de son ennemi, dit une dernière fois: «Sale bête!» Je remontai tout tremblant; j’aurais voulu qu’on mît Françoise tout de suite à la porte. Mais qui m’eût fait des boules aussi chaudes, du café aussi parfumé, et même . . . ces poulets? . . . Du côté de chez Swann

When millions of Americans are getting ready for Thanksgiving dinner, that I enjoyed so much during my days in the US, a thought for the "filthy creatures" sacrified for the benefit of modern pilgrims:

Françoise, being without assistance, had fallen into arrears. When I went in, I saw her in the back-kitchen which opened on to the courtyard, in process of killing a chicken; by its desperate and quite natural resistance, which Françoise, beside herself with rage as she attempted to slit its throat beneath the ear, accompanied with shrill cries of “Filthy creature! Filthy creature!” it made the saintly kindness and unction of our servant rather less prominent than it would do, next day at dinner, when it made its appearance in a skin gold-embroidered like a chasuble, and its precious juice was poured out drop by drop as from a pyx. When it was dead Françoise mopped up its streaming blood, in which, however, she did not let her rancour drown, for she gave vent to another burst of rage, and, gazing down at the carcass of her enemy, uttered a final “Filthy creature!” Swann's Way
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